Le sanguisorbe, une fleur sensible

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Romane Lefebvre, fleuriste à L’Arrosoir, à Paris, préfère prévenir ceux qui l’approchent. Le sanguisorbe est à prendre avec des pincettes et moult précautions. Au moindre geste brusque, « il se met à pendouiller. Ses tiges se cassent et ses pointes s’emmêlent dans ses ramifications ». Au point que Rémi Dubouquet, à la tête de la fleuristerie lilloise à son nom, passe maintenant devant sans jamais s’arrêter lorsqu’il le voit en vente chez ses fournisseurs. « Trop fragile dans une boutique. Et trop malingre pour étoffer un bouquet. »

Mais il aime son air champêtre, de dur au mal, tout droit sorti d’une prairie battue par les vents ou d’un arbre patagonique « qui penche à droite ou à gauche, jamais vertical ». Au balcon, ce volatile qui se fait aussi appeler pimprenelle s’avère nettement moins douillet qu’en vase. Un rien le désaltère et cette rosacée à la fleur cylindrique et duveteuse revient chaque année en touffe soignée. Suffisamment autonome pour se resemer seule, mais suffisamment modérée pour ne pas glisser dans la catégorie des espèces envahissantes.

Grenat, voire brunes, parfois roses ou mauves, « les houppettes des pimprenelles ajoutent une pointe de couleur foncée dans une composition », explique Romane Lefebvre. La fleuriste parisienne la voit bien jouer les fleurettes pour accessoiriser un bouquet « vert assez clair, comme une botte d’amarantes », avant d’ajouter que, avec « des dahlias rouge foncé ou des cosmos chocolat, ce serait joli aussi ». Rémi Dubouquet suggère de renforcer l’allure sobre et spartiate des sanguisorbes en les glissant dans une poterie un peu cabossée (comme celles de la céramiste lilloise Albane Trollé) et en leur ajoutant quelques chardons bleus.

Impossible de les rater malgré leur maigreur, ils peuvent atteindre 1,50 mètre de haut. Et si certains flanchent dans un courant d’air, ils peuvent toujours finir en cuisine. Effeuillée, égrainée, étêtée, ciselée ou râpée, la pimprenelle est entièrement comestible, avec une saveur de concombre, et riche en vitamine C. Elle est aussi une super-héroïne de la littérature. Section scientifique. D’après les chercheurs, la gringalette présente un arsenal de molécules aux propriétés anti-inflammatoires, antidiabétiques, antibactériennes, cicatrisantes. En Chine, elle est même traditionnellement utilisée pour soulager les morsures de serpent.

Zone de prédilection Les paysages ouverts et les sols bien drainés.

Floraison En été et en automne.

Entretien Multiplier par division (c’est-à-dire diviser la touffe en plusieurs parties, et replanter chacune) au printemps ou en automne.

Aime Etre tutorée lorsqu’elle est grande.

N’aime pas Etre manipulée.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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