Le sautoir a le rythme dans la peau

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Outre-Manche, l’expression « clutch your pearls » (« serrer ses perles ») désigne un sentiment de désapprobation. Le Cambridge Dictionary précise qu’il s’agit de « se comporter comme si l’on était très choqué, et spécialement de montrer plus d’indignation que l’on n’en ressent réellement, afin de manifester que l’on désapprouve moralement quelque chose ».

Que viennent faire les perles dans cette histoire ? Elles seraient une référence à celles portées par les élégantes, agrippant leur cou à l’annonce d’une nouvelle inattendue ou d’une blague de mauvais goût.

Celle qui s’accroche aussi à ses perles, c’est Mia Farrow dans la troisième version cinématographique de Gatsby le Magnifique (Jack Clayton, 1974). Dans la peau de Daisy Buchanan, femme « trophée » déchirée entre deux hommes, l’actrice porte le sautoir de perles comme personne. Il faut dire que, dans le roman de Francis Scott Fitzgerald, publié en 1925, Daisy incarne l’archétype de la flapper, cette jeune femme moderne des années 1920 qui fait fi des conventions sociales en vigueur.

C’est la flapper qui popularise le sautoir : alors que la taille des robes tombe au niveau des hanches et que les coupes de cheveux raccourcissent jusqu’aux lobes des oreilles, les colliers s’allongent, comme pour accompagner ces changements. Le sautoir, dit aussi collier opéra, connaît alors un formidable essor, les garçonnes adoptant à l’envi de longs fils de perles se terminant par une houppe ou deux pompons. Quant au nom de ce bijou, on dit qu’il serait un dérivé du verbe « sauter », en référence à la façon dont les perles du collier semblaient bouger au rythme de la personne qui le portait.

Casser la rigidité

A rebours de la rigidité des plastrons et des ras-de-cou, le sautoir devient le symbole d’une certaine légèreté. A tel point que certaines s’amusent même à le détourner, le portant enroulé autour du poignet afin de former un bracelet ou jouant sur les superpositions. C’est d’ailleurs ce que fera Gabrielle Chanel, qui aime casser la rigidité de ses tailleurs monochromes par une accumulation de longs colliers fantaisie, en perles ou en verroterie.

Régulièrement revisité par les grands joailliers, de Cartier à Van Cleef & Arpels (dont le modèle Alhambra avec ses trèfles en nacre fut adopté par Grace Kelly, Romy Schneider et Françoise Hardy dès sa création, en 1968), le sautoir fit aussi – et fait toujours – les belles heures des horlogers, comme Piaget, grand favori de la jet-set, dont les montres sautoirs transformables ont fait la renommée dès les années 1960.

Collier transformable Promenades impériales, en or blanc et rose, serti de diamants, Chaumet.
Sautoir Kandake, en or blanc et diamants, collection Beyond the Light, Messika.
Sautoir en perles de culture Akoya et Mers du Sud, en or blanc et diamants, Mikimoto.
Collier Arcades, collection Paris, Vu du 26, serti de nacre, de perles et d’un diamant taille princesse, pavé de diamants ronds, sur or blanc, Boucheron.
Clip et pendentif Snowflake, en or blanc et diamants, sur chaîne en or blanc, Van Cleef & Arpels.
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Source du contenu: www.lemonde.fr

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