A la fashion week masculine de Paris qui se déroule du 21 au 27 janvier, 67 marques sont présentes, mais seulement 37 défilent. Et les 30 autres ? Elles organisent des « présentations ». En quoi cela consiste-t-il ?
Pour faire officiellement partie de la semaine de la mode parisienne, il faut soumettre sa candidature à la Fédération de la haute couture et de la mode, qui, avec un panel d’experts, détermine chaque saison quelles marques ont le droit de défiler et celles censées présenter leurs vêtements sur des portants. En général, les défilés sont réservés aux maisons installées depuis longtemps, ou à celles dont les collections, très créatives, sont mieux mises en valeur par des mannequins en mouvement. Il arrive qu’une griffe qui avait l’habitude de défiler renonce au show le temps d’une saison, pour faire des économies ou parce qu’elle traverse une période de transition et ne veut pas de la visibilité qu’offre un show filmé et retransmis sur les réseaux sociaux.
Cette saison, on a vu toutes sortes de présentations. Berluti, le chausseur italien de LVMH qui fête ses 130 ans, s’est installé dans un hôtel particulier donnant sur le parc Monceau pour mettre en scène de manière pédagogique les fondamentaux de son activité : une pièce pour les souliers à lacets faits d’un seul pan de cuir, une autre pour la veste « forestière » à col mao déclinée dans toutes les matières, et une dernière pour les sacs en cuir Venezia rigide. Limpide.
Chez Celine, le designer Hedi Slimane est parti, et le nouveau directeur artistique, Michael Rider, n’a pas encore eu le temps de s’installer. La marque a présenté dans son showroom de la rive gauche entièrement agencé par Slimane une collection dessinée par le studio en attendant Rider… Un exercice pas simple. Les vestes courtes à boutons dorés et les blazers à carreaux rappellent le passé, mais des perles fantaisistes surgissent sur les cols, les jeans s’élargissent, les tee-shirts se parent de messages subliminaux.
Manteaux à manches gigot
La situation est similaire chez Dries Van Noten, où le nouveau directeur artistique Julian Klausner montrera officiellement sa première collection à la fashion week féminine de mars. Pour cette présentation homme, il ne s’est occupé que du stylisme des silhouettes baroques. Des broderies de perles parcourent les doublures des manteaux à manches gigot en tweed, des cols et des poignets amovibles ennoblissent les silhouettes rehaussées de fleurs fraîches… La présentation permet d’observer ces foisonnants détails de près.
Lorsqu’elle ne la fait pas défiler lors des fashion weeks féminines, Isabel Marant propose sa ligne masculine sous forme de présentation. C’est dans ses bureaux, un grand espace façon loft rempli de lumière, place des Victoires, avec des murs blancs en brique, des petites alcôves et des banquettes moelleuses, qu’on découvre cette collection inspirée du « vestiaire des artistes », entre jeans tie & dye, maille moelleuse et tee-shirts doux aux accents rock.
Acne Studios, qui ne défile que pour ses collections féminines, présente sa ligne homme dans son siège parisien du 10e arrondissement, au rez-de-chaussée d’un bel hôtel particulier qui sert d’espace d’exposition. Cette saison, la griffe suédoise révise ses classiques : costumes très larges en cuir, chemises rayées XXL, veste ample en denim zippée. Ou encore des jeans qu’on croirait brodés de dentelle, mais dont on découvre en regardant de près qu’il s’agit d’un imprimé. La présentation n’en met pas plein les yeux, mais elle permet indéniablement de voir mieux.
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