Pour la Saint-Valentin, au côté le traditionnel cœur, la bouche fait de l’œil au rayon des bijoux.
Il y a quelque chose de Dali dans les vitrines à l’approche de la Saint-Valentin. Des lèvres stylisées, figuratives, montées sur des bijoux, à bouche que veux-tu. Le premier de la lignée, c’était lui, Salvador Dali, qui en 1949 s’inspirait du sourire de Mae West pour dessiner une broche Ruby Lips, sertie de rubis, à la denture de perles. Aujourd’hui, tout aussi surréaliste, Schiaparelli rend hommage aux collaborations entre sa fondatrice Elsa et l’artiste catalan autour d’une manchette en métal argenté affichant de généreuses lèvres en laiton (1100€). Et ouvre le bal à d’autres interprétations.
Sans pour autant faire d’ombre au traditionnel cœur, symbole par excellence de l’amour cher à de nombreuses maisons (Poiray, Chopard, Tiffany & Co. …), la bouche, selon le joaillier qui s’en empare, est une façon, intime, amusante ou arty de célébrer l’attachement. «Plus sensuelle aussi, ajoute la créatrice britannique Solange Azagury-Partridge, dont les bagues pulpeuses Hotlips aux couleurs inspirées des teintes de rouges à lèvres des femmes qu’elle crée depuis 1995, sont aux doigts de nombreuses célébrités et de jeunes filles qui les portent plus pour elles qu’en gage d’amour. Sa forme bouton de rose est d’ailleurs proche de celle du cœur. Les deux designs coexistent très bien dans l’univers de la joaillerie mais le message qu’ils véhiculent n’a pas la même intensité.» En effet, les bouches taillées sur du corail, du grenat ou ciselées sur de l’or fédèrent une nouvelle clientèle, jugeant parfois le motif cœur trop connu ou sage.
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Plus sensuelle et moins engageante que le cœur
«Je ne me verrais pas offrir un cœur à ma compagne, avec qui je viens d’entamer une relation. Mais pourquoi pas une bouche, c’est plus moderne, moins cliché et ça lui fera moins peur!» admet Martin, 33 ans qui songe à marquer le coup pour la Saint-Valentin. D’ailleurs, chez Marie-Hélène de Taillac (pourtant célèbre pour ses cœurs) les colliers, boucles d’oreilles et bagues Tender Kiss (notre photo, en bas, 1450 €) aux lèvres facettées dans des pierres dures font un carton. «Peut-être parce qu’il est moins engageant d’offrir une bouche qu’un cœur ? soumet la créatrice. Envoyer un baiser, c’est plus léger.»
De son côté, Dinh Van fait muter son motif iconique Menottes, symbole d’attachement depuis 1976. Le joaillier introduit sur un bracelet Maillon (1650€) et un collier semi-pavés de diamants en édition limitée, une interprétation contemporaine du fermoir avec deux bouches graphiques qui s’entremêlent. «Le motif 2 Lips a été imaginé au sortir du confinement, comme un hommage au french kiss célébrant la fin des baisers interdits dans une période de restrictions», explique-t-on chez Dinh Van. Naturellement, Atelier VM, spécialiste des bijoux soudés, destinés à n’être jamais retirés propose sa version. «La bouche est la reine des abeilles du visage et du cœur», raconte Viola Naj Oleari, une des fondatrices du joaillier italien qui l’applique sur de fines bagues ajourées et un pendentif en corail.
L’époque de ces baisers interdits inspire aussi depuis 2021 Frédérique Dessemond, la créatrice de Ginette NY qui retravaille le motif sur de fines puces d’oreilles et des pendentifs pour remémorer «ce temps difficile où l’on portait des masques, où nous étions privés de cette intimité qui nous lie les uns les autres. La collection Amore suggère d’une façon poétique, délicate et moins attendue la sensualité et l’intimité.»
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