Chronique des médias – Les grands médias détenus par une poignée d’industriels, une exception française

Share

Le groupe CMA CGM de Rodolphe Saadé acquiert Altice Médias, propriétaire notamment de BFMTV et RMC

C’est une spécialité française en Europe. Les grands médias privés ne sont pas détenus par des groupes spécialisés dans les médias, comme Bertelsmann ou Axel Springer en Allemagne, Mediaset ou Mondadori en Italie. Non, ils sont pour la plupart aux mains de milliardaires. Quand Patrick Drahi, le milliardaire de SFR, décide donc de se désengager des médias, il fait appel au milliardaire franco-libanais de CMA CGM Rodolphe Saadé. Patrick Drahi, on le sait, est en difficulté. Il conserve la chaîne israélienne I24 News, mais en raison d’une dette colossale et d’une affaire de corruption, il doit se désendetter. C’est pourquoi il a vendu un bon prix – 1,55 milliard d’euros – son groupe en France, qui comprend la première chaîne d’info en continu BFMTV, la radio RMC, mais aussi des déclinaisons régionales ou thématiques.

Du transport aux médias

Rodolphe Saadé a commencé à investir dans la presse il y a deux ans en rachetant La Provence puis La Tribune. Il a aussi pris 10% de M6. Alors, on voit bien les débouchés qu’apporte la chaîne BFM Business à La Tribune ou BFM Marseille à La Provence.

Mais, ne soyons pas dupe, ce qui intéresse, c’est aussi le levier d’influence auprès des politiques et des acteurs économiques. Certes, Altice médias est très rentable et permet à CMA CGM de se diversifier. Mais c’est aussi un groupe média qui compte quand on est comme lui un empire engagé dans la décarbonation alors qu’il émet en CO2 autant que près de la moitié du trafic automobile français.

En tant qu’armateur européen, il bénéficie en outre d’un avantage fiscal qui lui permet d’être taxé non sur les profits, mais sur le tonnage de ses bateaux. Évidemment, des lois plus contraignantes sur ces deux sujets ne seraient pas à son avantage.

À lire aussiSaadé et Kretinsky, figures montantes des médias

Liberté de la presse

Il y a, sur ce point, plusieurs types d’actionnaires. Soit on est dans l’interventionnisme, comme Vincent Bolloré, soit on est dans la reconnaissance d’une liberté éditoriale, même si on n’encourage rien, bien sûr, qui soit contraire à ses intérêts, comme Xavier Niel au Monde ou Daniel Kretinsky à Marianne.

Parfois, tout dépend des capacités d’autonomie des rédactions : pour LVMH, cela a été vrai aux Échos, c’est vrai au Parisien et ce sera dans doute vrai demain à Paris Match. Mais la nouveauté, c’est qu’il va falloir respecter la nouvelle législation européenne sur les médias qui prévoit des garanties pour préserver l’indépendance éditoriale et limiter les risques liés à la concentration.

Source du contenu: www.rfi.fr

Dernières nouvelles

Dernières nouvelles