En France, la grève dans l’audiovisuel public s’est achevée vendredi 24 mai, après deux jours de forte mobilisation contre un projet de fusion qui sera débattu en juin.
La grève qui a touché l’audiovisuel public a entraîné de fortes perturbations, en particulier à Radio France où jeudi, un tiers des salariés et 55% des journalistes, selon la direction, ont cessé le travail. C’est d’ailleurs de Radio France qu’est partie une tribune signée dans Le Monde par 1 400 salariés du groupe, dont de grands noms de France Inter comme Nicolas Demorand ou Léa Salamé. Une mobilisation plus forte encore qu’à France Télévisions, où la direction comptait 12% de grévistes, car c’est bien sûr la radio publique que l’on a le plus à craindre d’une fusion avec plus gros que soi. Même si la majorité assure que l’harmonisation des salaires profitera à Radio France, la crainte est bien sûr que cela entraîne des réductions d’emplois et une baisse de moyens.
Et qu’est-ce qui justifie ce projet de fusion ?
Selon Rachida Dati, la ministre de la Culture, c’est d’abord un « risque d’affaiblissement » face aux grandes plateformes et aux réseaux sociaux, sachant que l’âge moyen du téléspectateur de France Télévisions, dit-elle, est de 64 ans quand celui de l’auditeur de Radio France est de 57 ans. Il faut donc, pour elle, en finir avec un audiovisuel dispersé et aller plus loin dans les rapprochements sur le numérique, l’information et la proximité. Seulement, les syndicats pointent l’absence de cohérence éditoriale de ce projet alors même que les audiences sont bonnes et que la transition numérique est plutôt bien engagée. En fait, ils pointent eux aussi un risque d’affaiblissement de l’audiovisuel public si l’on en vient à confondre les métiers et si un super-patron aux pleins pouvoirs menace l’indépendance des différentes entités.
Et qu’en est-il de France Médias Monde, la maison mère de RFI et de France 24 ?
En principe, le groupe est inclus dans le projet de fusion qui reprend une proposition de loi Lafon venue du Sénat. Mais le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a précisé qu’un arbitrage avait été rendu et que France Médias Monde, qui a ses problématiques propres, en avait été exclu. Fin de l’histoire ? Pas tout à fait, car le gouvernement a besoin des voix LR pour faire passer sa réforme à l’Assemblée. Et les élus de droite veulent une fusion globale incluant les médias internationaux sur le modèle de la BBC, qui a réduit son budget de 10% en trois ans. En tous les cas, le financement devra être précisé. Un prélèvement sur recettes du budget de l’État est annoncé. Mais en ce cas, pourquoi avoir supprimé la redevance ? À gauche, on fustige une fragilisation par le financement puis une volonté de reprise en mains accélérée par une fusion au 1er janvier 2026.
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