Suite au rachat de BFM TV et de RMC par le groupe maritime CMA CGM, son actionnaire Rodolphe Sadé a été auditionné par l’Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. L’occasion, pour lui, de s’expliquer sur sa vision stratégique et de rassurer sur l’indépendance éditoriale de ses médias.
Accompagné de Nicolas de Tavernost, l’ancien patron du groupe M6 devenu son conseiller dans les médias, Rodolphe Saadé s’est présenté jeudi à l’Arcom, l’autorité de régulation de l’audiovisuel. Il y était entendu dans le cadre de la procédure d’agrément qui doit être respectée en cas de changement de contrôle d’un groupe média bénéficiant de fréquences publiques.
En l’espèce, il s’agit de la reprise auprès d’Altice, pour plus d’1,5 milliard d’euros, de la radio RMC, des chaînes BFMTV, RMC Découverte et RMC Story ainsi que de dix chaînes locales de BFM et de la plateforme RMC BFM Play. À noter d’ailleurs que deux chaînes payantes RMC Sport ne sont pas comprises dans l’accord afin, pour SFR, de garder une offre attractive pour ses abonnés – CMA CGM devant néanmoins assurer la production éditoriale des chaînes.
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BFMTV en perte de vitesse face à CNews
Une situation quelque peu changée depuis la signature du protocole d’accord le 15 mars. Depuis cette semaine, le principal actif du groupe, BFMTV, n’est plus la première chaîne d’info de France. Elle a été dépassée en mai par CNews, désormais forte de 2,8 % de part d’audience et toujours détenue par le très conservateur Bolloré. Il faut dire que CNews n’est pas seulement la chaîne de la droite et de l’extrême droite, elle est aussi davantage suivie chez les retraités qui ont plus de temps à passer devant la télé. Elle a donc un temps d’écoute plus important. Rodophe Saadé ne s’en satisfait pas : il a bien précisé que BFMTV devait redevenir leader et qu’il était d’ailleurs « ouvert à un développement international » : il s’intéresse beaucoup, on le sait, au pourtour méditerranéen.
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Des engagements à suivre sur le long terme
On sentait que Rodolphe Saadé avait été bien conseillé sur la question éditoriale, n’hésitant pas à s’engager. « Je n’interviendrai pas dans les lignes éditoriales », a-t-il dit, reconnaissant le principe d’indépendance des rédactions et avalisant les comités d’éthique et les chartes déontologiques. Il a d’ailleurs précisé qu’une charte d’indépendance était en négociation à la Provence, le journal dont il est propriétaire depuis deux ans et qui a vu son directeur de la rédaction être débarqué puis finalement réintégré à la suite d’une intervention de Saadé contestant une Une sur Macron à Marseille. Aujourd’hui, l’armateur se dit soucieux de pluralisme et d’information de qualité. Ce qui ne l’empêche pas de faire valoir ses idées, comme on l’a vu dans Le Monde où il a appelé l’Europe « à plus d’innovation et à moins de régulation », en particulier dans l’intelligence artificielle où il a investi – avec Xavier Niel et Eric Schmidt – dans un laboratoire.
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