Élisabeth Borne et ses anciens ministres de retour sur les bancs de l’Assemblée nationale

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En quête d’un nouveau rôle, neuf ex-membres de l’exécutif viennent renforcer la majorité présidentielle et son aile gauche.

Ce lundi matin, les abords de l’Assemblée nationale prennent des allures de Conseil des ministres. Pendant qu’Olivier Véran, visiblement pressé, saute dans un taxi, son ancien collègue Clément Beaune sort de son nouveau bureau, au 101, rue de l’Université, petite mallette à la main. Un peu plus loin, au Café Concorde, Olivier Dussopt discute avec des journalistes. Écartés du gouvernement jeudi, à l’issue du remaniement, les trois anciens ministres sont redevenus députés. Il va falloir s’y habituer.

Comme eux, six autres ex-membres du gouvernement, dont Élisabeth Borne, rejoignent ce mardi les bancs de groupes macronistes en mal de poids lourds – Renaissance, Mouvement démocrate (MoDem) et Horizons. Tous ont été convoqués, lundi, pour remplir des formalités administratives, avant de participer mardi aux questions au gouvernement, de l’autre côté du micro. Le soir, ils sont conviés à Matignon, avec les tous les députés macronistes. Neuf parmi 233 autres.

«Une forme de liberté retrouvée»

En plus d’un sentiment de relégation, la lassitude risque-t-elle de gagner ces nouveaux venus? Élisabeth Borne a promis d’«aller au bout de (son) mandat» et d’être «députée à plein temps», lors de son retour, jeudi, auprès de ses électeurs de Condé-sur-Noireau (Calvados). «J’ai envie de tenir mon siège», a-t-elle à des proches. En privé, d’autres anciens membres du pouvoir exécutif ne garantissent pas une assiduité systématique. «Je ne suis pas certain d’être le plus présent lors des séances de nuit. Mais quand la situation sera tendue, je serai là», confesse l’un d’eux, quand un deuxième n’exclut pas de démissionner: «Si j’ai une opportunité ailleurs, pourquoi pas?»

Pendant l’interminable attente du remaniement, beaucoup espéraient être reconduits dans leurs fonctions. «C’est une immense déception, mais c’est une forme de liberté retrouvée», lance l’ex-ministre délégué aux Outre-mer, Philippe Vigier, de retour sur le marché de Bonneval (Eure-et-Loir), lundi. «C’est comme une rentrée des classes dans un établissement que vous connaissez déjà», sourit l’ancien ministre du Travail Olivier Dussopt, député depuis 2007.

Remerciée par Emmanuel Macron le 8 janvier dernier, Élisabeth Borne prépare pour sa part son arrivée depuis plus d’un mois. Après avoir passé quelques jours de congés au Maroc, elle a déjeuné la semaine dernière avec la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, qui a décelé chez elle de la «sérénité» et de l’«envie». Elle a repris contact avec le chef du groupe Renaissance, Sylvain Maillard, des députés et d’anciens ministres, comme Gérald Darmanin. Entre les deux, les relations semblent plus apaisées. Le ministre de l’Intérieur a même apprécié sa dernière intervention dans la cour de Matignon, «un beau discours pour les enfants des classes populaires», à ses yeux.

Pour son premier mandat électif, la députée du Calvados hérite d’un magnifique bureau à l’hôtel de Broglie, près de l’Assemblée nationale. Un lieu occupé jusqu’à présent par son suppléant, Freddy Sertin, en prévision de son potentiel retour. Dans l’Hémicycle, l’ex-locataire de Matignon va siéger à l’ancienne place de l’ex-ministre Barbara Pompili. Centrale et près des membres de l’exécutif.

Certains « revenants » se sont assurés de ne pas siéger du côté des bancs de la gauche, dont ils redoutent les quolibets

Ses anciens ministres seront aussi bien placés, grâce à un jeu de chaises musicales: Clément Beaune à la place de Marie Lebec (Relations avec le Parlement) et Olivier Dussopt à la place de Marie Guévenoux (Outre-mer), entrées au gouvernement. Ils ne seront pas au dernier rang, contrairement à la plupart de leurs suppléants auparavant.

Certains «revenants» se sont d’ailleurs assurés de ne pas siéger du côté des bancs de la gauche, dont ils redoutent les quolibets. «Les Insoumis, je ne peux pas les blairer, s’agace d’avance l’un d’eux. Ils vont sûrement nous organiser un comité d’accueil.» Au petit jeu du choix des commissions, l’ancienne première ministre a opté pour le prestige des affaires étrangères. Son président, Jean-Louis Bourlanges, se dit «très flatté de la recevoir comme pensionnaire», aux côtés d’Olivier Véran. L’ancien ministre délégué aux Transports et secrétaire d’État aux Affaires européennes, Clément Beaune, aurait bien aimé s’y installer aussi, mais il a dû rejoindre la commission des lois.

Une aile gauche renforcée

Alors que le gouvernement s’est droitisé, la majorité parlementaire voit son aile gauche se renforcer. La venue d’Élisabeth Borne et des ex-socialistes Olivier Dussopt, Clément Beaune et Olivier Véran fait naître chez certains de leurs pairs l’envie de mieux se structurer, peut-être en un groupe distinct. «À ce stade, la création d’un groupe à part n’est pas à l’ordre du jour», assure l’ex-ministre Nadia Hai, figure de l’aile gauche macroniste.

Élisabeth Borne a elle-même insisté, jeudi: «L’unité de la majorité est essentielle.» «Certains en rêveraient, mais elle n’a pas envie de se cataloguer à gauche», assure l’un de ses récents interlocuteurs. Ce qui n’empêche pas d’autres ex-ministres de s’organiser. Dans un récent message aux membres de son parti, Territoires de progrès, Olivier Dussopt reconnaît un «sentiment global de déséquilibre, voire d’hémiplégie». Comprendre: un basculement à droite du gouvernement. Vigilant, il prévient: «Nous devrons ensemble en discuter, en débattre, pour voir quels enseignements en tirer.»

Source du contenu: www.lefigaro.fr

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