Le président français Emmanuel Macron reçoit en début de soirée lundi 18 mars les membres du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). D’abord pour marquer le 80e anniversaire de l’organisation. Cette invitation prend une dimension très symbolique, dans un contexte de guerre au Proche-Orient et de hausses des actes antisémites.
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Habituellement, c’est le Crif qui reçoit le président de la République. Cela à l’occasion d’un dîner annuel, auquel l’organisation convie de nombreuses personnalités politiques, artistiques ou économiques. Cette fois, c’est le chef de l’État qui reçoit l’organisation, comme l’ancien président socialiste François Hollande l’avait fait il y a 10 ans, pour les 70 ans du conseil.
Cette année, le contexte est particulièrement tendu. La France connaît un regain d’actes antisémites, depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier et le début des bombardements sur la bande de Gaza. « Jamais un tel niveau avait été atteint », s’est déjà inquiété Yonathan Arfi, le président du Crif.
Dès le mois de novembre dernier, le ministre de l’Intérieur avait comptabilisé près de 1 500 actes antisémites, depuis le début de la guerre. Ainsi en 2023, le nombre d’agressions verbales ou physiques contre des personnes juives ou supposées juives ont été multipliées par quatre : 1 676 faits contre 436 en 2022.
Demande d’enquête après la polémique à Sciences Po
Il y a quelques jours, l’organisation a demandé la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, suite aux incidents qui ont secoué l’école Science Po Paris mardi dernier.
Le grand amphithéâtre a été occupé toute la matinée par une centaine d’étudiants dans le cadre d’une manifestation européenne pour la Palestine. Selon plusieurs témoins, une étudiante, membre de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a été empêchée d’entrer : l’UEJF assure que les opinions sionistes de la jeune femme lui ont été reprochés, les organisateurs de l’évènement nient en bloc et invoquent des raisons de sécurité.
Le chef de l’État a très vite réagi, son Premier ministre aussi, parlant d’une « lente dérive liée à une minorité agissante ».
Emmanuel Macron s’était déjà prononcé sur la résurgence des actes antisémites depuis le début de la guerre, d’abord par une lettre publiée dans le quotidien Le Parisien-Aujourd’hui en France. « Pas de tolérance pour l’intolérable », avait-il écrit mi-novembre, pour éviter toute confusion et récupération, alors qu’il venait de préciser qu’il ne prendrait pas part à une grande marche contre l’antisémitisme à Paris, organisée le lendemain. Son absence avait fait polémique.
Quelques jours plus tard, c’est un évènement à l’Élysée qui fait polémique. Il reçoit le grand rabbin de France, qui allume en sa présence, la première bougie de la fête traditionnelle juive de Hanoukka.
Critiques pour son alignement systématique à Israël
Le discours d’Emmanuel Macron intervient pour marquer les 80 ans d’existence du Crif. L’organisation est donc née pendant la Seconde Guerre mondiale, d’un réseau d’entraide pour sauver les juifs de l’occupation allemande. Aujourd’hui, le Crif compte 73 associations.
L’organisation se présente comme républicaine, ayant pour objectif de « porter les inquiétudes et les préoccupations des français juifs ». Avec le temps, elle s’est clairement imposée comme un acteur majeur de la politique française : le Crif reçoit traditionnellement les candidats à la présidentielle, par exemple. Il suscite régulièrement des critiques pour son soutien systématique à Israël. Récemment, le leader de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon a accusé l’organisation « d’obliger tout le monde à s’aligner sur la position du gouvernement d’extrême droite israélien », après l’attaque du 7 octobre.
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