Le président français Emmanuel Macron préside mercredi à 12h un hommage national à Robert Badinter, un « sage » qui porta l’abolition de la peine de mort en tant que ministre de la Justice. Le chef de l’État a promis de s’exprimer sur une éventuelle entrée de l’avocat, décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à l’âge de 95 ans, au Panthéon.
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L’ancien ministre de François Miterrand, fossoyeur de l’échafaud en France, reposera-t-il dans la crypte du Panthéon, ce temple républicain qui proclame sur son fronton « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante » (bien que plusieurs femmes y soient également) ? Robert Badinter était bien « un grand homme », un « sage », une « conscience républicaine » a acquiescé dès vendredi le président. Mais, « ces choses-là prennent du temps », a souligné Emmanuel Macron qui a déjà « panthéonisé » Simone Veil, Maurice Genevoix, Joséphine Baker et Missak Manoukian. Seul décisionnaire en la matière, le chef de l’État a promis d’en dire plus ce mercredi midi.
La présidence, en concertation avec la famille, a choisi un lieu symbolique pour saluer la mémoire de Robert Badinter lors d’une cérémonie ouverte au public : la place Vendôme, devant le ministère de la Justice. C’est là que Robert Badinter porta la loi du 9 octobre 1981 abolissant la peine de mort, dans une France alors majoritairement en faveur du châtiment suprême. Il s’investit par la suite pour l’abolition universelle de la peine capitale, un combat qu’Emmanuel Macron dit aujourd’hui vouloir perpétuer, en accueillant en 2026 en France le prochain congrès mondial de cette cause.
Les hommages ont afflué depuis son décès le 9 février dernier, avec une unanimité qui s’est au moins trouvée autour de l’homme de « conviction » et de « combats » qu’il a incarnés. Un héritage démocratique qu’il faut plus que jamais protéger estime Frédéric Wizmane, avocat au barreau de Paris : « Lorsque les droits sont acquis, on a tendance à penser qu’ils sont aussi évidents que l’air qu’on respire, mais il faut toujours avoir conscience en tant que citoyen, en tant que justiciable du fait que les combats qui ont été menés dans le passé doivent toujours nécessiter une vigueur de maintenir ce qui a été acquis difficilement. Ce sont des trésors fragiles. Il faut être vigilant. »
LFI et RN priés de ne pas venir
La classe politique l’a aussi célébré mardi 13 février par une minute de silence au Sénat – où siégea le défunt – puis à l’Assemblée nationale. « Robert Badinter fut un homme d’État au parcours exceptionnel qui marqua de son empreinte non seulement notre assemblée, mais notre Histoire tout entière », a souligné le président de la chambre haute du Parlement Gérard Larcher, très ému au moment de rendre hommage à celui qui « restera », selon lui, un « infatigable combattant de la liberté », un « homme à l’engagement sans faille ».
Mais le rendez-vous solennel de mercredi aura lieu sur fond de polémique. La philosophe Élisabeth Badinter, sa veuve, a en effet exprimé le souhait que les élus des partis d’extrême droite Rassemblement national (RN) et de gauche radicale La France insoumise (LFI) ne viennent pas à la cérémonie. « On ne sera pas présents, la famille ne l’a pas souhaité. Je ne vais pas polémiquer », a aussitôt répondu Marine Le Pen, qui, à l’instar des autres dirigeants d’extrême droite, s’en était tenue au service minimum pour saluer cette figure longtemps honnie pour avoir aboli la peine de mort.
Réaction inverse pour LFI. « Un hommage national est un hommage national. Nous y sommes invités, et nous y serons représentés », a affirmé le groupe parlementaire qui dépêchera deux députés, Éric Coquerel et Caroline Fiat. Le parti de la gauche radicale et son leader Jean-Luc Mélenchon n’avaient pas tari d’éloges cette semaine sur Robert Badinter.
Pourfendeuse des extrêmes comme son mari, Élisabeth Badinter a toujours combattu l’extrême droite mais a aussi plus récemment dénoncé un certain « islamo-gauchisme » et a pointé la responsabilité « énorme » de LFI dans la montée de l’antisémitisme en France.
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