France: la trêve hivernale prend fin en pleine crise du logement

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La trêve hivernale a officiellement pris fin ce dimanche 31 mars. 140 000 personnes sont menacées d’expulsion à compter de ce dimanche, dans un contexte de crise du logement qui s’aggrave de jour en jour. 

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Selon la fondation Abbé Pierre, un tiers des personnes expulsées n’ont toujours pas retrouver de toit trois ans après leur expulsion et sont toujours hébergés à l’hôtel ou par un proche. La cherté des loyers, conjuguée au petit nombre de logement disponible à la location, plonge laFrance depuis presque 20 ans dans une crise du logement qui ne semble pas se résorber. Depuis le début des années 2000, les prix de l’immobilier ont bondi de 170% mais les salaires des particuliers n’ont pas augmenté aussi rapidement.

Le montant des aides personnelles au logement (APL) permettant de combler cet écart n’a fait que baisser depuis 2017. Le début du quinquennat d’Emmanuel Macron avait été marqué par une coupe générale de 5 euros par mois pour tous les allocataires. D’autres mesures, comme la « contemporanéisation » des aides, ont davantage réduit le montant de ces aides publiques. Ainsi, depuis 2021, quatre milliards d’euros d’économie ont été réalisées par l’État sur l’enveloppe des APL.

Une crise du logement historique

Actuellement, environ 2,6 millions de personnes sont actuellement en attente d’un logement HLM. Mais là encore, l’offre et la demande n’évolue pas à la même vitesse. La croissance du parc social s’est ralenti sur les vingt dernières années.

Paradoxalement, 3,1 millions de logements sont actuellement vacants en France, soit 1 logement sur 12. Il n’y en a jamais eu autant. Pour l’économiste Pierre Concialdi, spécialiste du mal-logement, le développement des meublés touristiques, les logements type Airbnb, n’y est pas étranger. « Dans les zones les plus tendues (comme l’Île-de-France), l’offre locative est fortement contrainte par ces phénomènes. Il y a aussi une hausse considérable des prix de l’immobilier. Dans ce contexte-là, ça peut être intéressant pour un propriétaire de garder son logement en attendant le meilleur moment pour réaliser sa plus-value, et pour ne pas être contraint, par des locataires, de laisser son logement inoccupé », explique-t-il.

La loi Kasbarian-Bergé défavorable aux locataires en situation de précarité

Les associations regroupées sur la plateforme Logement pour tou.te.s accusent également l’État de vouloir criminaliser le mal-logement et la pauvreté. En 2023, le vote de la loi Kasbarian-Bergé portée par les députés Aurore Bergé et Guillaume Kasbarian, (ce dernier est aujourd’hui ministre délégué au logement) a jeté de l’huile sur le feu.

Elle visait à protéger les propriétaires de l’occupation illicite de leur bien, au détriment des locataires. Avec cette loi, les procédures d’expulsions ont été accélérées. Si le locataire se maintient tout de même dans les lieux, il sera puni d’une amende de 7 500 euros. S’il trouve refuge dans un bâtiment inhabité comme des bureaux vides, lieux considérés comme des squats : il encourt jusqu’à deux ans de prison et 30 000 € d’amende. 

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Source du contenu: www.rfi.fr

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