La pari risqué du Président : quelques idées pour en sortir… En 20 jours !

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Le Rassemblement National n’a de programme que sur deux sujets, la sécurité et l’immigration, observe l’ancien secrétaire d’État au Budget, Christian Eckert. Il va falloir trouver des rassemblements d’idées et de personnes….

Christian Eckert, ancien secrétaire d’État au Budget (DR)

Par Christian Eckert

Le Rassemblement National capitalise sur les peurs et les mécontentements, dans un contexte inédit, où il est quasiment le seul mouvement qui n’a jamais eu tout ou partie du pouvoir dans notre pays et qui, à la différence des autres partis, ne peut donc être tenu pour responsable des difficultés des Français. …
Les guerres en Ukraine et à Gaza, les conséquences d’une inflation qui pèse beaucoup sur le pouvoir d’achat, le dérèglement climatique qui se matérialise un peu plus tous les jours, les questions sécuritaires et migratoires qui se posent en France et dans le monde, des « trous dans la raquette » sur notre capacité à produire sans dépendre des autres, des services publics qui, comme notre système de santé gère les pénuries de moyens alors que les besoins sont bien réels… Autant de pain béni pour réclamer des changements…

La méthode Coué

Ces sujets essentiels pour le quotidien ont été minimisés, voire cachés, par un pouvoir obnubilé par la communication, mêlant la méthode Coué, la provocation, le mépris et les promesses vite oubliées… Grands débats, Grenelles, assises, mises en scène autour de bottes de paille, on a tout entendu et pas vu grand-chose pour s’en sortir… S’il le fallait, l’exemple des propos sur le déficit « surprise » de 2023 est patent : ce serait « la faute aux autres, on ne pouvait rien prévoir et on a pourtant tout bien fait ». Même le Parlement n’a pas été saisi !
Une fois ce constat – par ailleurs stérile – fait, le pari risqué du Président qui dissout nous impose d’agir en responsabilité.

Deux (premières) réflexions me viennent à l’esprit

  • Le Rassemblement National n’a de programme que sur deux sujets, certes importants, mais qui sont loin de faire un projet politique complet : la sécurité et l’immigration. On pourrait en parler, pointer les désaccords et les erreurs d’analyse… Cela sera sans doute peine perdue tant les peurs sont grandes et que les remèdes violents sont réclamés. Il n’y a qu’à voir les scores mirifiques du RN dans les campagnes (encore bien calmes et franchouillardes) et beaucoup plus modestes en ville (moins sécures et où les migrants se concentrent) pour comprendre l’irrationalité du vécu des Français sur ces questions.
    Il reste pour autant bien silencieux sur son projet de société qui ne peut prétendre résoudre tous les problèmes par la seule « préférence nationale » : quelle politique budgétaire et fiscale, comment partager les richesses, que faire de l’école de la République, quelle place pour la culture, comment produire une énergie propre, quelles relations diplomatiques développer, comment couvrir les besoins de santé, faut-il conserver notre système social, pour qui et avec quels (dés)équilibres… ???
  • Faire barrage au RN en envisageant des alliances ne peut se faire en 20 jours, sans que les lignes de forces de l’alternative ne soient claires pour être crédibles et durables. La fragilité (c’est un euphémisme) de la NUPES a prouvé qu’un « accord de coin de table » pour sauver des sièges ne résiste pas aux tentations existentielles des uns et des autres, amplifiées par des comportements mis en scène qui, là aussi, privilégient la forme sur le fond et tranchent avec la sobriété affichée sans beaucoup de failles par les élus du RN.

Il va donc, dans une urgence exceptionnelle, falloir trouver des rassemblements d’idées et de personnes pour convaincre que notre démocratie peut reposer sur le compromis intelligent issu de valeurs humanistes et solidaires qui ont fait la grandeur de notre pays.

Une démarche aventureuse

Ce Président qui a décidé d’être Jupitérien doit donc annoncer très vite le report, voire la remise à niveau de sujets qui fâchent : réforme et désindexation des retraites, réforme des allocations chômage, des jours de carence, des arrêts de travail… Les questions de partage des richesses avec, par exemple, la taxation solidaire des dividendes et des rachats d’action et de l’indexation des salaires – y compris ceux des fonctionnaires – doivent être proposées. La gestion des énergies et des transports doit être corrélée à l’aménagement du territoire qui a disparu des fonctions régaliennes de l’État…

Sans ce type d’engagements clairs, il n’y aura, pour les législatives à venir, que la répétition des scénarios passés, dans les élections à deux tours. Elles verront à coup sûr un candidat RN au second tour, où on vérifiera que l’argument simpliste de rassemblement dit « républicain » s’effondrera s’il ne repose pas sur des bases programmatiques qui rassurent, séduisent et convainquent les électeurs. Le pari du Président pourrait alors être perdu et entrainer le pays des Lumières dans une démarche bien aventureuse…

Source du contenu: infodujour.fr

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