Législatives anticipées en France: la bataille des programmes

Share

À 12 jours des élections législatives anticipées, les trois grands blocs, Nouveau Front populaire à gauche, camp présidentiel et Rassemblement national présentent et affinent jour après jour leurs programmes. Sans surprise, le pouvoir d’achat, première préoccupation des Français, domine les débats.

Publié le :

4 mn

Le « pouvoir d’achat » a cet avantage de parler à tout le monde. Thématique très concrète, elle permet d’égrainer des propositions précises dans un délai extrêmement court pour préparer les programmes.

Au RN, TVA diminuée sur l’essence et l’électricité

C’est la mesure phare du Rassemblement national : l’abaissement de la TVA de 20 à 5,5 % sur les énergies et le carburant.

Le financement reste toutefois assez flou. Le président du RN, Jordan Bardella, évoque la suppression de certaines niches fiscales comme pour les armateurs pour contrebalancer le manque à gagner pour l’État. 

Pour les mesures les plus radicales, mais aussi coûteuses, proposées lors de la dernière élection présidentielle. Elles sont toujours proposées, mais seraient mises en œuvre dans un délai ultérieur. Comme la suppression pure et simple de la TVA sur les produits de première nécessité ou encore l’abrogation de la dernière réforme des retraites repoussant l’âge de départ à 64 ans.

Le parti d’extrême droite, favori des sondages, essaie de se crédibiliser auprès d’électeurs hésitants, mais aussi des marchés financiers déjà inquiets depuis la dissolution.

À lire aussiFrance: au Rassemblement national, la stratégie du ticket inchangée malgré la dissolution

À gauche, le Nouveau Front populaire s’attaque aux salaires

Le programme des gauches promet une indexation globale sur l’inflation et surtout d’augmenter le Smic à 2 000 euros brut contre 1 700 aujourd’hui.  Autre mesure choc : l’instauration du blocage des prix pour les biens de première nécessité (alimentation, énergie, carburant)

Le financement reposerait sur de nouveaux impôts au-delà de 4 000 euros de revenus, une taxe sur les superprofits ou encore le rétablissement de l’impôt sur la fortune.  « Le chiffrage sera précisé dans les prochains jours » répète-t-on abondamment dans les rangs de la gauche.

Le programme du Nouveau Front populaire prévoit également l’abrogation dans l’urgence de la réforme des retraites. L’âge de départ repassera de 64 à 60 ans dans les 15 jours suivant la prise du pouvoir.

À écouter aussiFrance : jusqu’où la gauche peut-elle rassembler ?

Le camp présidentiel fait un « peu des deux » avec des ambitions très limitées

Le Premier ministre Gabriel Attal promet une baisse de 15 % des prix de l’électricité à l’hiver prochain grâce au parc nucléaire (les prix de l’électricité prennent 11% en juillet prochain) et un relèvement du plafond de la « prime Macron » en entreprise la passant de 3 000 à 10 000 euros.

Si dans les oppositions ont tendance à aller plus loin, le pouvoir sortant ne veut pas trop dépenser, soucieux de maintenir sa promesse de ne pas augmenter les impôts. 

Tirs croisés entre chaque camp

Très vite après l’annonce des différentes orientations programmatiques des oppositions, le ministère des Finances a chiffré leur proposition. Selon Bercy, la mise en œuvre du programme du RN coûterait près de 100 milliards d’euros par an, près de 300 milliards d’euros pour celle du Nouveau Front populaire. Emmanuel Macron a résumé cela en une formule la semaine dernière : « On est chez les fous ! » a-t-il lâché en marge du G7 en Italie.

Les oppositions, elles, surfent sur l’impopularité du chef de l’État et le bilan du gouvernement. Le RN insiste beaucoup sur les finances publiques, les 3 000 milliards d’euros de dettes et dérapage budgétaire de 2023. Les lieutenants marinistes répètent à l’envi qu’une fois au pouvoir, il faudra faire un état des lieux, sous entendant que Bercy cache des « cadavres dans les placards ». La formule a d’ailleurs pour avantage de s’épargner de trop nombreuses propositions, voire d’avoir déjà un prétexte si jamais les promesses du RN n’étaient pas tenues.

Enfin, à gauche, on part du principe que tout le système est à revoir. Le macronisme, facteur d’inégalité social, est d’ores et déjà mort. S’il faut donc avant tout voter Nouveau Front populaire, c’est pour contrer l’extrême droite.

Avec deux petites semaines de campagne restantes d’ici au premier tour (le 30 juin), les trois camps vont donc surtout d’évertuer à mettre en garde les Français contre le danger que représentent leurs adversaires, que de les convaincre.

À lire aussiLégislatives en France: première journée de campagne entre union et tensions

Source du contenu: www.rfi.fr

Dernières nouvelles

Dernières nouvelles