En France, les réactions ont été très nombreuses dès l’annonce des résultats Dimanche dernier et une série de posts est apparue laissant penser que la dissolution de l’assemblée nationale annoncée par le président, allait conduire à une démission du chef de l’Etat. Selon ces contributeurs, il s’agirait d’une manipulation permettant à Emmanuel Macron de briguer un troisième mandat. Le président le dément et les constitutionalistes écartent cette possibilité.
Dès dimanche, l’effet de surprise généré par l’annonce de la dissolution de l’assemblée nationale a provoqué des réactions d’incompréhensions. Pour certains, derrière cette décision se cache une manœuvre politique : en cas de victoire de l’extrême droite en Juillet, Emmanuel Macron quitterait ses fonctions, pour mieux revenir en 2027. Un scénario relayé par la sphère dite antisystème voire complotiste…
Ce compte attribué à l’ancien opérateur d’affaire Jérôme Kerviel condamné pour abus de confiance, laisse penser à tort qu’Emmanuel Macron prépare un troisième mandat.
Ne pas finir son mandat pour pouvoir se présenter une 3ème fois … pas con, ça se tente…mais dangereux … https://t.co/hJUfVrjbTD
— Kerviel Jérôme (@kerviel_j) June 9, 2024
Constitutionnalité
Ce scénario ne tient pas, selon,Jean Phillipe Derosier, Professeur agrégé des facultés de Droit de l’Université de Lille . Selon lui : « C’est totalement farfelu. La Constitution est extrêmement claire. Elle n’interdit pas à Emmanuel Macron de faire un troisième mandat, mais pas à la suite des deux premiers. Si l’interruption prématurée du mandat pouvait permettre d’en briguer un nouveau, il suffirait à Emmanuel Macron, autour du mois de février mars 2027, de démissionner et dire voilà, je me représente, ça n’a aucun sens.L’article 6 de notre Constitution dispose en effet que nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Et donc Emmanuel Macron est actuellement en train d’exercer son deuxième mandat. Il a été réélu en avril 2022. Le mandat lui a été confié. C’est bien le deuxième. Peu importe à quel moment est ce qu’il s’interrompt une fois qu’il a terminé son deuxième mandat, il ne peut pas en briguer immédiatement un troisième. Il faut qu’un autre président de la République soit d’abord élu et ensuite, s’il le souhaite, il pourra à nouveau être candidat » . Emmanuel Macron pourrait donc être candidat en 2032 mais pas en 2027.
Pas de troisième mandat
Toutefois dès qu’on parle de troisième mandat cela alimente une vague de commentaires sur les réseaux de la part d’internautes qui soupçonnent Emmanuel Macron de vouloir se maintenir au pouvoir à l’instar de ce qui se fait en Afrique en Russie ou en Chine.
Il convient cependant de souligner qu’en France il n’a jamais été question de troisième mandat dans toute l’histoire de la cinquième république comme le souligne Jean Phillippe Derosier: « En réalité, en France, les présidents de la République qui ont réussi à être réélus une première fois sont peu nombreux au regard de tous ceux qui ont essayé. Et nul n’a pu être élu une troisième fois avant même que cette interdiction n’existe. Là où dans d’autres régimes, c’est quelque chose de beaucoup plus courant et on peut anticiper cette volonté de certains autocrates de vouloir la contourner coûte que coûte. Ce n’est pas le cas de la France. Je ne le pense pas. Sans doute peut on lui reprocher beaucoup de choses, à Emmanuel Macron, y compris de tordre les règles constitutionnelles, mais la Constitution reste plus forte que lui. Briguer un troisième mandat, est contraire à la Constitution ». Évidemment il y a toujours la possibilité de réviser la Constitution, pour supprimer la limitation des mandats, mais il faudrait obtenir l’accord des deux Assemblées avant une ratification par le Congrès, des conditions difficiles à réunir compte tenu des forces politiques en présence…
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