Ce dimanche 11 février, en visite officielle à Mayotte, le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé la fin à venir du « droit du sol » sur cette île française de l’océan Indien, confrontée à une grave crise migratoire et à une situation sociale et sécuritaire explosive.
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« Nous allons prendre une décision radicale, qui est l’inscription de la fin du droit du sol à Mayotte dans une révision constitutionnelle que choisira le président de la République », a déclaré le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin dès sa descente d’avion, à l’aéroport Marcel-Henry de Dzaoudzi. « Il ne sera plus possible de devenir français si on n’est pas soi-même enfant de parent français », a-t-il ajouté, assurant que cela « coupera littéralement l’attractivité » que peut avoir l’archipel confronté à une forte pression migratoire en provenance des Comores voisines. « C’est une mesure extrêmement forte, nette, radicale, qui évidemment sera circonscrite à l’archipel de Mayotte », a-t-il ajouté.
Barrages routiers
Depuis le 22 janvier, un collectif des « Forces vives de Mayotte » maintient des barrages routiers aux quatre coins de l’île, 101e département français, paralysant la circulation et perturbant la vie économique pour dénoncer l’insécurité et la crise migratoire. Département français le plus pauvre de France, Mayotte est peuplé de 310 000 habitants, selon l’Insee – probablement beaucoup plus selon la Chambre régionale des comptes – dont 48% d’immigrés comoriens ou d’autres pays d’Afrique. La plupart arrivent clandestinement à bord de barques de pêche traditionnelles, les kwassa-kwassa, depuis l’île comorienne d’Anjouan, distante de seulement 70 km.
Gérald Darmanin a précisé que la suppression du droit du sol à Mayotte, ainsi que le durcissement du regroupement familial permis par une loi sur l’immigration votée en décembre 2023, permettront de « mettre fin au visa territorialisé », un dispositif empêchant les détenteurs d’un titre de séjour mahorais de venir en métropole. Sa suppression est l’une des principales revendications des collectifs d’habitants en colère qui paralysent l’île depuis le mois dernier. Toujours selon le ministre français de l’Intérieur, la suppression de ce dispositif doit être actée dans un projet de loi Mayotte – annoncé de longue date et confirmé le 30 janvier par le nouveau Premier ministre Gabriel Attal – qui sera déposé à l’Assemblée nationale « dans les semaines qui viennent ».
Une « nouvelle opération Wuambushu »
Le ministère de l’Intérieur a annoncé préparer « une nouvelle opération d’ampleur contre la délinquance et l’immigration illégale », l’entourage de Gérald Darmanin évoquant une « opération Wuambushu 2 ». Dans le cadre de l’opération Wuambushu lancée au printemps 2023, des centaines de policiers et gendarmes supplémentaires avaient été déployés à Mayotte pour tarir le flux d’arrivées de migrants des Comores et combattre la délinquance et l’habitat insalubre. Cependant, nombre d’habitants ont jugé ses résultats décevants. Fin 2023, des affrontements violents entre bandes de jeunes de villages rivaux avaient notamment fait trois morts.
Ce dimanche 11 février dans la journée, Gérald Darmanin et la nouvelle ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, doivent visiter le stade de Cavani, dans un quartier de Mamoudzou, où l’installation de migrants venus de l’Afrique des Grands-Lacs cristallise les tensions depuis le début de l’année.
(Avec AFP)
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