Nouvelle-Calédonie: l’État français lance une vaste opération pour dégager la route vers l’aéroport

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Après six jours d’émeute en Nouvelle-Calédonie et la mort de six personnes, l’État français lance ce 19 mai une opération d’envergure pour rétablir la route principale qui mène à l’aéroport. Quelque 600 gendarmes et policiers sont engagés. Le haut-commissaire en Nouvelle-Calédonie a déclaré aux émeutiers : « L’ordre républicain sera rétabli, quoi qu’il en coûte ».

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La correspondante de RFI en Nouvelle-Calédonie, Charlotte Mannevy, a pu rejoindre l’aéroport ce dimanche, mais a tout de même dû faire demi-tour pour laisser passer un convoi de véhicules blindés en provenance de Nouméa. Ce sont 600 gendarmes qui sont mobilisés sur cette opération d’envergure qui a commencé à 6 heures ce dimanche matin (19h TU samedi).

L’accès a été possible jusqu’à l’aéroport, toujours fermé et gardé par les forces de l’ordre, mais toute une partie de l’axe est encore totalement impraticable tant les débris sont nombreux. Les carcasses de voitures brûlées encore fumantes et des centaines de cailloux, branchages et autres débris jonchent toujours la chaussée.

Des engins de chantier ont commencé à les déblayer sous la protection de gendarmes mobiles et de véhicules blindés. Il faut donc passer par des chemins de traverse et slalomer entre de nombreuses épaves pour sortir de l’agglomération. Là, l’ambiance est totalement différente puisque les barrages sont simplement filtrants. Ils ne sont pas aux mains d’émeutiers mais de militants indépendantistes. Jean-Charles, responsable de l’un d’entre eux, assure à RFI que son combat est pacifique et qu’il n’empêche pas les particuliers de passer. Son barrage sera par contre remonté dès le convoi des gendarmes passé.

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Un calme très précaire

Si un calme relatif a encore été annoncé ce dimanche sur ce territoire français du Pacifique, la situation reste très tendue par endroit, avec des violences à Nouméa, justement. Selon un média local, la médiathèque du quartier de Rivière Salée a été incendiée la nuit dernière. Ce quartier de la capitale, comme d’autre dans cette ville, est devenu inaccessible aux autorités.

Quelque 3 200 personnes sont bloquées depuis sept jours en Nouvelle-Calédonie ou à l’étranger. La Nouvelle-Zélande se montrait quelque peu pressante ce dimanche. Son ministre des Affaires étrangères assure que des avions n’attendent que le feu vert de Paris pour décoller et venir chercher ses ressortissants. Rétablir le fonctionnement de l’aéroport et l’accès à l’agglomération de Nouméa signifient aussi la possibilité de ravitailler l’archipel en nourriture, mais aussi en médicaments, en matériels de base. Ces derniers jours, les appels à la levée des barrages se multipliaient aussi face au début de pénuries, dans les magasins d’alimentation, les pharmacies et même les hôpitaux. Un travail qui s’annonce long pour les forces de l’ordre locales et les renforts arrivés vendredi de Métropole.

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À noter que les écoles de la province Sud resteront fermées la semaine prochaine, selon les autorités de cette zone qui regroupe près des deux tiers de la population de Nouvelle-Calédonie.


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♦ Reportage : La solidarité à l’œuvre en Australie

Plusieurs centaines de Calédoniens se trouvent actuellement bloqués en Australie. Ils ont pu compter sur la solidarité des Calédoniens qui y résident, certains leur offrant un toit, un repas, ou simplement quelques informations pratiques pour se débrouiller dans Sydney, une ville qui leur est parfois inconnue. Après une semaine de galères, et d’angoisses, plusieurs dizaines d’entre eux se sont retrouvés ce dimanche dans un parc du centre-ville pour un pique-nique et se réchauffer les cœurs, raconte notre correspondant à Sydney, Grégory Plesse.

« Monsieur, du raisin ? » « Ah merci, c’est gentil… » « Prenez la grappe, prenez la grappe ! » Ils sont près d’une soixantaine en ce beau dimanche ensoleillé à s’être rassemblés autour d’un pique-nique à la bonne franquette. Qu’ils soient résidents ou bloqués en Australie, tous partagent la même angoisse, à l’image de Teiki, arrivé en Australie il y a seulement trois semaines pour un séjour d’un an. « Quand tu es à distance, c’est plus compliqué parce que tu sais qu’il y a la famille qui est là-bas. Tu te demandes comment ils vont… Et puis des fois, ils ne sont pas forcément disponibles pour te répondre, donc tu te demandes s’ils ont un problème. Voilà, c’est un peu compliqué à distance. J’ai eu envie de rentrer, juste pour être là-bas… »

Alors, ce petit moment de convivialité est un moment de soulagement qui fait du bien. Christine est arrivée hier de Paris, où elle est allée voir sa fille, mais son mari et son fils et ses parents, eux, sont à Nouméa : « Ça fait surtout du bien au moral. Et puis cette solidarité… J’avoue franchement que d’être là, c’est réconfortant, on est avec des Calédoniens, ça fait un peu famille ! »

En appui de l’élan spontané de générosité des Calédoniens d’Australie, le consul général de France a aujourd’hui lancé un appel à la solidarité à la communauté française en Australie.


Source du contenu: www.rfi.fr

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