Cette semaine le calendrier fait cohabiter deux événements très importants pour Emmanuel Macron : la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, attendue depuis cinq ans, et le grand chambardement politique après la chute du gouvernement Barnier. L’un met la France au firmament, l’autre la place en situation d’instabilité et de fébrilité. Ce moment est presque une métaphore de la présidence d’Emmanuel Macron.
C’est un « en même temps » particulièrement éloquent. Splendeur et décadence à la fois pour un président rattrapé par un agenda politique tumultueux au moment de célébrer l’un des événements les plus marquants de ses deux quinquennats. Quand la cathédrale Notre-Dame de Paris avait pris feu, Emmanuel Macron sortait de la crise des «Gilets jaunes». Il devait s’adresser aux Français dans une allocution télévisée, enregistrée et jamais diffusée, car en voyant les flammes détruire l’édifice religieux si emblématique de la capitale, le chef de l’État avait immédiatement changé sa stratégie. Il s’était rendu au chevet de Notre-Dame en feu et avait annoncé son ambition : reconstruire et réouvrir la cathédrale en cinq ans. Un pari que d’aucuns croyaient irréalisable, une promesse qui a finalement été tenue.
Réouverture de Notre-Dame et crise de la censure
Ironie de l’histoire, cinq ans après, au moment où l’on célèbre Notre-Dame reconstruite, le chef de l’État s’est adressé aux Français pour leur parler d’une nouvelle crise. Une crise politique inédite provoquée par une décision d’Emmanuel Macron : la dissolution qui n’en finit pas de revenir en boomerang sur le président. Michel Barnier censuré après trois mois d’efforts vains pour faire adopter un budget, c’est sur Emmanuel Macron qu’est revenue la pression, l’obligeant à prononcer une allocution pour rassurer les Français inquiets de l’instabilité gouvernementale, quand les regards du monde entier allaient se tourner vers Paris et son monument restauré par des artisans fine fleur du savoir-faire français. La réouverture de Notre-Dame est devenue tout à coup la date autour de laquelle devait avoir lieu la nomination d’un Premier ministre, happée par une actualité politique qui a fait irruption dans le calendrier de la reconstruction.
La fête gâchée ?
La fête de la réouverture de Notre-Dame est-elle gâchée ? Elle est parasitée. Le message est brouillé. La grand-messe diplomatique avec Donald Trump, le président américain réélu, en invité de marque, et un cortège de personnalités venues du monde entier, qu’Emmanuel Macron avait organisée à l’occasion de la réouverture de Notre-Dame, est percutée par la crise politique qui renvoie l’image d’une France en mode point de suspension, menacée de censures à répétition et d’un président usé, affaibli, alors qu’il rêvait d’incarner un chef de l’État capable de faire briller les « fiertés françaises ». Grandeur et misères du destin d’Emmanuel Macron.
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