On promettait un « octobre en enfer » pour la cheffe des députés RN jugée en ce moment dans l’affaire des assistants parlementaires. Pourtant, la double finaliste de l’élection présidentielle n’est jamais apparue aussi puissante politiquement.
La dissolution est passé par là. Le contingent mariniste, 126 députés depuis les dernières législatives, pèse plus que jamais sur un gouvernement fragile dirigé par un homme de droite Michel Barnier. Le tout dans une Assemblée morcelée où toutes les solutions ou presque passe par le RN, la gauche paraissant déterminée à faire du bloc central et de l’extrême droite des alliés objectifs.
Cette position hyper influente permet à Marine Le Pen d’exister politiquement au moment où elle comparait, trois demi-journées par semaine (du lundi au mercredi) devant la justice dans l’affaire des assistants parlementaires. Elle y encourt une bien fâcheuse peine d’inéligibilité pour « détournement de fonds publics ». Conséquence, l’attention médiatique et politique semble parfois davantage braquée sur la position du RN sur les textes de loi que sur le procès.
Pour le moment, des victoires essentiellement symboliques
Avec une pression maximale exercée sur le gouvernement, l’extrême-droite parvient à mener la danse, au moins dans les mots.
En septembre, Marine Le Pen demandait une nouvelle loi immigration, elle a été annoncée quelques jours plus tard. Un ministre, Antoine Armand, chargé de l’Économie, a été recadré par Michel Barnier après avoir déclaré ne pas vouloir travailler avec le RN.
À terme, petit jeu pourrait bien aboutir sur des victoires politiques concrètes. À commencer par le budget : « Il n’est pas trop tard pour revoir votre copie […] nous comptons bien vous convaincre pour ne pas être obligé de vous contraindre » déclarait, menaçante, Marine Le Pen à l’ouverture des débats cette semaine. Elle le sait : elle peut renverser Michel Barnier, en cas de très probable motion de censure consécutive à un 49-3.
À lire aussiLe RN est-il le maître du jeu politique ?
Quels gains politiques ? Pour quoi faire ?
Mais qu’est-ce que le RN peut imposer dans le prochain budget ? Si le confort de l’opposition est de ne jamais avoir à choisir, ou du moins de choisir sans grandes conséquences, cette fois, il faudra bien trancher. Et cela va bien au-delà d’une simple cravate autour du cou. Il s’agit d’être crédible : des demandes trop farfelues discréditent, des demandes trop exigeantes placent dans le camp des déstabilisateurs.
Il s’agit donc de définir clairement et précisément des lignes rouges dans les prochains jours. Depuis de longues semaines, les troupes de Marine Le Pen évoquent en priorité les taxes sur l’électricité et les pensions de retraites. Mais des ajouts pourraient intervenir.
Reste à savoir également comment tranchera Matignon. L’intérêt Michel Barnier étant ne pas paraître trop inféodé à l’extrême droite. Marine Le Pen, elle, veut aiguillonner le gouvernement, mais arriver à la prochaine dissolution ou la prochaine présidentielle en opposante crédible.
Source du contenu: www.rfi.fr