Il y a 80 ans aujourd’hui, deux mois après le débarquement de Normandie, les troupes américaines, françaises et coloniales débarquaient en Provence. Objectif : la libération de la France et de l’Europe du nazisme. L’évènement est commémoré aujourd’hui dans le Var. C’est sur les plages de ce département qu’ont débarqué 100 000 soldats, le 15 août 1944. Une cérémonie internationale à laquelle sont conviés plusieurs chefs d’États africains a lieu aujourd’hui à Saint-Raphaël. À quelques kilomètres de là, à Fréjus, un musée des Troupes de Marine accueille une exposition temporaire qui retrace l’histoire de ce débarquement et qui met notamment en lumière le rôle joué par les soldats africains.
Uniformes, armes, véhicules… L’exposition du musée des Troupes de Marine de Fréjus, au sud de la France, retrace, à travers des objets authentiques, photos, cartes et diagrammes, l’histoire du débarquement de Provence, un évènement dont de nombreux chiffres viennent d’abord rappeler l’ampleur : 2 000 bombardiers lâchèrent 8 000 tonnes de bombes. Près de 400 000 soldats débarquèrent dont 100 000 pour la seule journée du 15 août. Des militaires qui arrivèrent à bord de centaines de bateaux dont plus de 130 bâtiments de combats et neuf porte-avions en appui.
« Les témoins de l’époque disent qu’ils se sont réveillés le matin et que la mer était noire de bateau, raconte le médecin général inspecteur Marc Morillon, le président du conseil scientifique du musée. C’est pour cela qu’on a un peu de mal à comprendre qu’il passe un peu inaperçu, par rapport au débarquement de Normandie. C’est quand même une très grosse opération ! »
Les moyens matériels acheminés furent également colossaux. « 500 chars de combats et 11 000 véhicules, énumère-t-il. Avec des problèmes techniques : débarquer un char de trente tonnes sur une plage, ce n’est pas quelque chose de très évident… »
Parmi les soldats qui débarquèrent, 260 000 étaient issus de l’armée B, l’armée française reconstituée. Une force composée en grande partie de troupes coloniales, un point que l’exposition met largement en avant.
« On a pris le parti de faire une exposition à hauteur d’homme, explique Marc Morillon. C’est-à-dire qu’on vous présente les combattants, avec des portraits. » Des portraits, réels ou fictifs, de soldats des différentes unités sont ainsi présentés. Exemple, avec Issa, soldat du quatrième régiment de tirailleurs sénégalais, qui débarqua le 17 août 1944 à La Nartelle, à côté de Sainte-Maxime…
« Il a été équipé à l’américaine, décrit-il. C’est la première fois qu’il voit la France. Donc, il est surpris de découvrir ce pays et ce sol. Et puis, bien-sûr, les premiers combats, aux abords de Toulon, où ils sont obligés de déloger des positions allemandes avec des mitrailleuses. Ce tirailleur n’a pas existé. On a pris un prénom répandu chez les Sénégalais, puis l’historique du quatrième régiment des tirailleurs sénégalais. On sait ce qu’ils ont fait comme combats, donc il est facile d’imaginer l’histoire d’un soldat après. »
Également présenté, le parcours des tirailleurs nord-africain. « Là, vous avez le goumier marocain, montre Marc Morillon, bien reconnaissable à sa djellaba et son casque américain de 1917, dont on dit qu’ils étaient la terreur des allemands. C’étaient des guerriers très durs, originaires du Rif ou de l’Atlas. Les allemands étaient terrorisés de tomber entre leurs mains. »
Des dessins et des photos d’époques reviennent aussi sur le rôle central joué par les tirailleurs africains. Avec notamment la libération de Marseille et la prise de Notre-Dame de La Garde. Cette basilique qui surplombe la ville a été libérée grâce au rôle déterminant des tirailleurs algériens.
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