Nouvelle avancée dans le travail de recherche mené depuis plusieurs années par l’association Moliko Alet-Po, composée de descendants d’Amérindiens de Guyane et du Suriname qui avaient été exhibés, il y a 132 ans, au Jardin d’acclimatation de Paris. L’association a permis d’identifier un groupe de 33 personnes arrivées en plein hiver 1892 dans le cadre des expositions humaines en cours à l’époque. Les mauvaises conditions de vie et le froid ont eu raison de leur santé. Plusieurs d’entre eux moururent avant leur retour en Guyane. Leurs descendants réclament le rapatriement des restes de leurs aïeuls. En attendant la mise en place d’une loi d’exception qui permette ce retour, l’association continue son travail de recherche d’informations pour identifier les derniers autochtones du groupe.
Malé, 17 ans, et Kuani, 27 ans, sont les deux Arawaks du groupe d’Amérindiens anciennement exhibés au Jardin d’acclimatation de Paris qui manquaient à l’identification, sur les huit membres du groupe décédés avant leur retour en Guyane. Face à leurs deux bustes moulés et exposés dans les sous-sols du musée de l’Homme, Corinne Toka-Devilliers, présidente de l’association Moliko Alet-Po, est prise par l’émotion :
« Ils sont là, ils dorment presque, ils sont sereins. L’émotion est grande, vraiment. Au bout de 132 ans, les voir… Et puis, les voir tous réunis à travers la photo – puisqu’une photo, c’est aussi une âme –, c’est une belle étape de notre histoire. »
Une belle étape qui marque une progression vers la restitution des restes des Amérindiens pour un retour en Guyane : « C’était l’étape suivante. On savait leur existence dans ces moulages. Et pour moi, après les restes humains, il fallait les deux moulages, parce qu’ils font partie du groupe. Et il était aussi important pour l’association de les voir. C’est une réalité, et aujourd’hui, on peut dire que, pour le retour, officiellement, nous demandons les six restes humains et nos deux bustes de Kuani et Malé. »
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Un retour prochain pour les Amérindiens exhibés
Kuani et Malé, deux frères, sont décédés quelques jours après leur arrivée au zoo humain. Le moulage en plâtre de leur buste a été fait après leur mort, explique Martin Friess, directeur scientifique au musée de l’Homme :
« Le principe du moulage, que ce soit sur le vivant ou sur le mort, consiste à faire un négatif, un plâtre. Et puis, on fait un positif à partir donc de ce moule qu’on peint, et ensuite, on modélise un peu certaines parties comme les yeux. Les yeux ont été colorés aussi. »
Pour Jean-Victor Castor, député de Guyane présent à la consultation des bustes, ce moment est important dans la démarche de restitution engagée par l’association : « Il faut tenir compte de l’avancée du travail qui a été fait par l’association Moliko qui porte cette demande de restitution. On ne peut pas attendre non plus que le véhicule législatif soit très long. »
Le gouvernement a reçu la semaine dernière le rapport qu’il attendait sur ce dossier. Les descendants des Amérindiens exhibés espèrent qu’une solution juridique sera rapidement trouvée pour permettre le retour de leurs ancêtres sur leur terre natale.
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