Depuis quelques années, le télétravail est bien installé dans les entreprises françaises. C’est même devenu un prérequis pour certains employés. Mais ces derniers temps, plusieurs sociétés font machine arrière et tentent de mieux réglementer ce nouveau rythme de travail. C’est ainsi que plusieurs syndicats appellent les employés français d’Ubisoft à une grève de trois jours à partir du 15 octobre pour protester contre un retour au travail en présentiel de trois jours par semaine minimum. Un reportage de Loreena Duret.
La visioconférence, pour certaines personnes, cela rappelle la pandémie de Covid-19. Au plus fort de la crise, le télétravail s’est imposé dans nombre d’entreprises et s’est bien souvent pérennisé. Aujourd’hui, ceux qui en bénéficient n’envisagent pas de revenir en arrière. C’est le cas de Natalia Markow, elle est salariée dans une entreprise et, pour elle, le télétravail lui permet de faire des tâches qui demandent de la réflexion sans être dérangée. « C’est bien d’être au calme et de ne pas avoir des salariés qui viennent nous poser des questions toutes les cinq minutes, observe-t-elle. Ça me permet également une cohésion entre ma vie perso et ma vie pro. Et ça évite aussi les 30 minutes de route, donc une qualité de vie meilleure quand même. »
Du côté des entreprises, ce mode de fonctionnement semblait d’abord être la solution parfaite. Quatre ans plus tard, elles font marche-arrière, arguant qu’il faut retrouver du collectif, cet esprit d’équipe qui a parfois disparu. « On voit bien que [le télétravail] nuit à la productivité collective, à la collaboration, analyse Benoît Serre, le vice-président de l’Association nationale des DRH. Avec le télétravail, il y a une distanciation qui se met en place vis-à-vis de l’entreprise, mais également vis-à-vis de ses collègues, vis-à-vis du projet commun que pourrait constituer une entreprise. La dynamique de collaboration est moins évidente, moins naturelle, ou moins efficace lorsque vous êtes derrière des écrans de Teams plutôt que lorsque vous êtes tous ensemble. »
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Les conséquences physiques et psychologiques possibles du télétravail
Aujourd’hui, le télétravail est largement considéré comme un acquis, pourtant il peut avoir des répercussions sur la santé des salariés. « Tout le monde apprécie le télétravail. Il n’y a pas du tout de volonté de retourner en arrière. Le seul enjeu, c’est de prendre conscience des troubles que cela peut apporter, souligne la sociologue Marianne Le Gagneur. Pour les gens qui font beaucoup de télétravail, il y a plus de troubles du sommeil, il y a plus de maux de dos parce qu’on travaille plus longtemps. »
Outre ces conséquences physiques, le télétravail peut entraîner des troubles psychologiques, à cause de l’isolement des employés. Pour Benoît Serre, c’est l’une des raisons pour lesquelles il est important aujourd’hui de renégocier les accords signés en urgence entre 2020 et 2021. « C’est l’occasion de les rediscuter en essayant d’évaluer comment ils ont fonctionné. Les plus, les moins, explique-t-il. Est-ce que cela implique que le télétravail va reculer ? Moi, je ne le crois pas. Je pense que ça implique que le télétravail va s’organiser. Si on ne le fait pas, alors il reculera. »
Selon l’INSEE, en 2023, environ 47 % des entreprises françaises ont intégré une part de télétravail. C’est le double d’avant la pandémie.
À écouter dans Le Débat du jourLe télétravail n’était-il qu’une parenthèse ?
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