Reportage France – Mineurs étrangers placés à l’hôtel et déscolarisés: l’Aide sociale à l’enfance du Nord pointée du doigt

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En France, l’Aide sociale à l’enfance du département du Nord est à nouveau pointée du doigt. À côté de Dunkerque, une soixantaine de mineurs étrangers ont été placés sans accompagnement dans un hôtel désaffecté. Sans école, sans formation, sans activités ludiques pour occuper leur journée, ces jeunes exilés sont livrés à eux-mêmes depuis plusieurs mois alors que cet hébergement devait n’être que provisoire. La Ligue des droits de l’Homme a saisi la Défenseure des droits pour leur venir en aide. 

De l’extérieur, cet ancien hôtel Formule 1, près de Dunkerque, n’a pas beaucoup changé. Certes, l’enseigne qui surplombait la façade a été démontée et les clients n’y viennent plus. Mais les chambres de ce bâtiment en crépi jaune pâle qu’on aperçoit au bord de la route sont toujours occupées.

Sur le rebord des fenêtres, des baskets et des vêtements d’adolescents sèchent au soleil. 60 à 80 jeunes mineurs non accompagnés y sont hébergés. « Je ne vais pas à l’école, je ne fais rien…, témoigne l’un des jeunes via un message WhatsApp envoyé à RFI.  Même la nourriture, c’est un problème, les habits, on ne m’en donne pas, on n’est pas bien vêtus, même les chaussures on ne nous en donne pas… On souffre ici. »

En France, lorsqu’un jeune exilé est évalué mineur, c’est l’Aide sociale à l’enfance qui prend le relais. Elle est pilotée par les départements et se charge de trouver un logement et de l’inscrire à l’école ou en formation. Mais dans cet ancien hôtel, aucun de ces dispositifs n’a été mis en œuvre.  

« À chaque fois, ils nous disent qu’ils ne peuvent rien faire tant qu’on n’a pas encore été transférés, qu’on ne peut pas partir à l’école et qu’on ne peut pas s’occuper de nous, témoigne le même jeune, toujours via WhatsApp. Quand on se réveille le matin, on va prendre notre petit-déjeuner à 8 h, dès qu’on a fini de manger, on rentre dans notre chambre, on va se coucher. Nous sommes deux dans la chambre, on ne fait rien ici, on vit très mal ici. »

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Des jeunes qui redoutent de recevoir une OQTF pour leur 18ᵉ anniversaire

L’association Coallia, qui est conventionnée pour accompagner ces mineurs, n’a que partiellement répondu aux questions de RFI. Selon elle, il est « difficile de mobiliser les établissements scolaires » puisque les jeunes ne sont censés rester sur ces dispositifs que pour cinq jours maximum. Pourtant, ceux que nous avons contactés sont là depuis au moins quatre mois et ont loupé la rentrée scolaire. 

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« Pour ces mineurs, il y a un enjeu qui est totalement déterminant, affirme Bernard Champagne, co-président de la Ligue des droits de l’Homme à Dunkerque, très préoccupé par cette situation. Quand ils vont avoir 18 ans, l’obtention de leur titre de séjour est aussi tributaire du parcours scolaire éducatif dans lequel ils sont. S’ils n’y sont pas, il y a une argumentation ouverte par la préfecture en disant qu’ils ne sont pas dans un processus d’intégration et d’insertion et donc, qu’ils n’auront pas de titre de séjour. » Il ironise : « En revanche, avec délicatesse, on leur offre une OQTF. »

Et c’est cette OQTF, cette obligation de quitter le territoire, que redoutent certains de ces jeunes, coincés à l’hôtel, alors que leur 18ᵉ anniversaire approche à grands pas.

Dans ce département, les travailleurs sociaux estiment que 1 000 enfants sont en attente d’un placement convenable. La Défenseure des droits enquête d’ailleurs sur les dysfonctionnements de l’Aide sociale à l’enfance du Nord, depuis 2022.

Rendez-vous sur notre site Infomigrants pour suivre l’actualité et découvrir des reportages sur les questions de migrations en Europe. 

Source du contenu: www.rfi.fr

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