S’engager en Ukraine: un faux site internet usurpe l’identité de l’armée française

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En France, le ministère des Armées a été confronté ce vendredi 28 mars à l’apparition d’un faux site internet appelant les Français à s’engager pour aller combattre en Ukraine. Le site n’était plus accessible dès la fin de la matinée. Le ministère dénonce l’usurpation du site officiel de l’armée de terre française. Cette manipulation est le dernier épisode d’une vaste campagne de désinformation selon laquelle la France se préparerait à envoyer des troupes en Ukraine.

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La réalisation de ce faux site a été particulièrement soignée. C’est une copie frauduleuse du site officiel  « s’engager.fr » qui a été transformé en « s’engager-ukraine.fr ». La première page est bien reproduite. On y voit une grande photo de militaires en action au centre et le logo du ministère des Armées fidèlement reproduit en haut à gauche, exactement comme sur le véritable site internet de l’armée de terre.

Carrières, rémunérations, descriptif du poste et de la mission… Les descriptions présentes sur cette copie sont précisément détaillées. Signe que le faux site a été bien conçu, certains éléments, comme les réseaux sociaux ou le logo du ministère des Armées renvoient sur le véritable site de recrutement de l’armée française. Un moyen de tromper encore davantage la vigilance des internautes en mêlant le vrai et le faux.


Le faux site usurpe l’identité du site officiel s’engager.fr. © Capture d’écran/ Montage RFI

Le véritable site internet de l'armée française dédié au recrutement ne fait pas référence à l'Ukraine.
Le véritable site internet de l’armée française dédié au recrutement ne fait pas référence à l’Ukraine. © Capture d’écran/ Montage RFI

Toutefois, certaines mentions sont invraisemblables. Par exemple, le faux site annonce l’enrôlement de 200 000 hommes pour l’Ukraine alors que l’armée de terre française ne compte que 130 000 personnels hommes et femmes dans ses rangs. Rappelons que la Force Opérationnelle Terrestre (FOT), c’est-à-dire les effectifs mobilisables pour les opérations, ne dépassent pas les 77 000 hommes. Le site en question invitait également les volontaires à laisser leurs coordonnées et à passer des entretiens. On ne sait pas si la manœuvre visait aussi à collecter des identités.

L’analyse du site internet montre que le nom de domaine « sengager-ukraine.fr » a été enregistré en mars 2024 pour une durée d’un an auprès d’une société basée en Allemagne. Le site est également hébergé sur un hébergeur américain.

 

Analyse de l'architecture du site internet frauduleux "sengager-ukraine.fr".
Analyse de l’architecture du site internet frauduleux “sengager-ukraine.fr”. © Capture d’écran Who.is/ Montage RFI

 

« La marque de la Russie »

Ce vendredi 28 mars matin, le ministère a tiré la sonnette d’alarme sur les réseaux sociaux. Il parle d’un faux site « relayé sur les réseaux sociaux par des comptes malveillants ».

 


 

Viginum, le service français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, participe à l’enquête « pour faire la lumière sur cette manœuvre informationnelle ciblant la France », indique le cabinet de Sébastien Lecornu. Un haut responsable français indiquait vendredi à l’AFP que cette manipulation portait la marque de la Russie ou d’acteurs pro-russes.

Fin février, le président français avait laissé entendre qu’il n’excluait pas l’envoi de troupes tricolores en Ukraine en appelant à « un sursaut des Européens » afin de faire barrage à la Russie. Depuis, de nombreux contenus ou de fausses informations visant la France circulent sur les réseaux sociaux. Courant mars, le ministère des Armées avait dénoncé les propos relayés par Sergey Naryshkin, directeur des renseignements extérieurs russes, faisant état du déploiement de « 2 000 militaires français en Ukraine » parlant d’un « recours systématique à la désinformation » de la part de la Russie.

Le 20 mars, une vidéo associant l’armée de terre française au Bataillon d’Azov ukrainien, considéré comme proche de l’extrême droite européenne, avait circulé à bas bruit sur les réseaux. Il s’agissait d’une « fausse information entrant dans la campagne de propagande russe visant à discréditer Azov en France, commencée il y a six mois », avait alors commenté un service de presse de l’armée ukrainienne. Les autorités françaises dénoncent actuellement des tentatives de déstabilisation ciblant la France, téléguidées, selon elles, par Moscou pour saper le soutien de l’opinion publique à la cause ukrainienne.


Source du contenu: www.rfi.fr

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