Comment le spermophile rayé réprime sa soif tout l’hiver

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Prenez-vous part au Dry January – en français, « défi de janvier » ou « mois sans alcool » ? Cette trêve dans la consommation de boissons alcoolisées, lancée en 2013 au Royaume-Uni lors d’une campagne de l’association de prévention de l’alcoolisme Alcohol Concern (désormais Alcohol Change UK), mobilise chaque année un nombre croissant d’adultes désireux de ménager leur foie ou de soulager leur portefeuille après les fêtes. Les bienfaits d’une telle cure sont tangibles : dans les enquêtes de suivi menées lors des précédentes éditions, plus de la moitié des participants ont noté une amélioration de la qualité de leur sommeil, une meilleure forme ou une plus belle peau, et plus d’un tiers déclare avoir perdu du poids. Certains embrayent sur une réduction durable de leur consommation d’alcool.

Aucun des participants n’atteindra toutefois la sobriété record du spermophile rayé. Pas question d’alcool ici : c’est sans manger ni boire d’eau que cet écureuil terrestre des prairies d’Amérique du Nord passe l’hiver. Sa période d’hibernation peut s’étendre jusqu’à huit mois, de la fin août au début du mois d’avril ! Roulé en boule au fond de son terrier, il ne sort alors de sa léthargie profonde que pour environ une journée toutes les deux semaines.

Durant les phases de torpeur, son métabolisme est ralenti à l’extrême : sa température corporelle descend sous les 5 °C et il perd très peu d’eau par évaporation. Lors des phases intermittentes de réveil, sa température corporelle remonte à 37 °C et son rythme cardiaque revient à la normale. Il perd alors davantage d’eau en respirant, voire en urinant – bien que son urine soit très concentrée. Etonnamment, malgré sa déshydratation croissante, l’animal ne ressent pas la soif : même si on lui fournit expérimentalement de l’eau, il ne boit quasiment pas.

Une réponse étouffée

Afin de comprendre ce qui réprime le besoin de boire du spermophile rayé durant son hibernation, une équipe de recherche de l’université Yale (Connecticut) a comparé sa physiologie en été et pendant ses phases ponctuelles d’activité hivernales. Les résultats, publiés fin novembre 2024 dans la revue Science, révèlent que tous les mécanismes physiologiques de perception de la déshydratation sont opérationnels pendant l’hibernation. En réponse à la baisse du volume sanguin, importante chez les écureuils déshydratés, leur organisme produit différentes hormones dont l’angiotensine II, connue pour favoriser la réabsorption de sodium et d’eau au niveau rénal.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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