« Face aux préoccupations environnementales, l’archéologie peut contribuer à un avenir durable »

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Le patrimoine archéologique est constitutif de l’environnement. Son étude permet une meilleure perception des risques et des enjeux écologiques passés et actuels. Dans un récent travail de synthèse (Atlas archéologique de la France, Tallandier, 2023), grâce à une mise en cartes inédite de près de 35 000 sites archéologiques, nous avons pu dresser un tableau des interactions entre humains et milieu sur un million d’années mais également pointer des « zones blanches » dans le territoire français et faire surgir de nouveaux questionnements en lien avec les préoccupations environnementales présentes. C’est sur ces aspects que je souhaite attirer l’attention.

Depuis la promulgation de la loi sur l’archéologie préventive de 2001, ce sont, chaque année, environ 450 fouilles qui sont prescrites par les préfets de région et conduites en préalable à des travaux ou constructions. En « sauvegardant par l’étude » le patrimoine archéologique, ces recherches concourent, au côté des fouilles programmées, à une connaissance inédite des territoires anciens et à celle de l’impact de l’humain sur l’environnement. Cependant, certains bouleversements qui ne sont pas directement liés aux interventions humaines ne sont pas pris en compte et échappent aux procédures d’instruction de l’archéologie préventive. C’est le cas du dérèglement climatique actuel, qui détruit des environnements côtiers, fluviaux ou montagnards.

De plus en plus fréquentes, les violentes tempêtes d’hiver érodent ainsi fortement les rivages de l’Atlantique, de la Manche et de la mer du Nord. Dans certains secteurs de Normandie, la côte a reculé de plusieurs dizaines de mètres en deux générations, mettant à mal de nombreux sites archéologiques. Dans les Antilles, les cimetières d’esclaves implantés sur le littoral sont menacés par l’érosion marine ; leur sauvetage associe anthropologie et devoir de mémoire, comme à la Guadeloupe sur le site de Saint-François.

Prévenir des catastrophes futures

En octobre 2020, les pluies diluviennes de la tempête Alex s’abattaient sur les Alpes-Maritimes, générant une crue exceptionnelle de la Roya qui a partiellement, voire entièrement, détruit la chaussée, des habitations et les cimetières de Saint-Dalmas-de-Tende et de Saint-Martin-Vésubie. En emportant végétation et terrains bordiers, les débordements ont mis au jour des constructions enfouies. Leur étude permet de documenter la perception des risques qu’avaient les populations passées et ainsi, peut-être, de prévenir des catastrophes futures. A Vix, en Côte-d’Or, site celtique de référence internationale, des substructions en bois sont mises en danger par un rabattement de la nappe phréatique. Dans les Alpes, les glaciers reculent et laissent apparaître des artefacts : c’est alors dans l’urgence que les archéologues interviennent pour préserver des vestiges en matériaux périssables.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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