Selon les médias britanniques, ce projet vise l’Albanie, l’Irak ou l’Égypte. Les influenceurs devraient inciter leurs fans à rester dans leur pays, et rappeler les risques encourus en traversant illégalement la Manche.
Des influenceurs ambassadeurs de la politique migratoire britannique. Depuis trois ans, le ministère britannique de l’Intérieur diffuse des publicités sur les réseaux sociaux visant à dissuader les demandeurs d’asile potentiels. Mais c’est une nouvelle stratégie qu’il prévoit de mettre en place. Le ministre James Cleverly aurait donné son aval pour rémunérer des influenceurs albanais, irakiens, égyptiens et vietnamiens sur des réseaux sociaux comme TikTok. Le but : qu’ils dissuadent leur communauté de traverser la Manche, révèlent The Times et The Independent. Des influenceurs turcs et indiens seraient aussi dans la ligne de mire.
«Les influenceurs devront promouvoir les nouvelles lois sur l’immigration, y compris la menace de déportation vers le Rwanda», précise le plan consulté par les deux médias britanniques.
Rappeurs, comédiens ou blogueurs
La liste d’influenceurs albanais, établie avec le cabinet de conseil privé Multicultural Marketing Consultancy (MMC), comprend «un rappeur, deux comédiens, des blogueurs lifestyle, des personnalités de la télévision et un blogueur voyage», selon le document.
Parmi ces sept personnalités, le rappeur albanais Omg Dioh réunit plus de 100.000 abonnés sur TikTok et «utilise la plateforme pour influencer et éduquer les jeunes à travailler dur et à suivre leurs passions». Roxh Dibrani, 150.000 abonnés, a lui été ciblé car il a un «fort accent nord-albanais, ce qui pourrait l’aider à diffuser des messages auprès des jeunes situés dans nos régions cibles», détaille le rapport. Ben Washburn, lui, «stimule le désir d’explorer et d’aimer davantage l’Albanie» à ses 128.000 abonnés.
5.800 euros par influenceur
Le ministère de l’Intérieur consacrerait un budget total de 30.000 livres, soit 35.000 euros, à la rémunération des influenceurs albanais. Le montant maximal par personne serait lui plafonné à 5.800 euros. En tout, ce sont 576.500 livres sterling (environ 676.000 euros) qui auraient été budgétés pour mener la campagne dans les cinq autres pays.
Ces influenceurs sont «des leaders d’opinion de la culture populaire bien placés pour diffuser des messages clés sur TikTok sur les raisons de rester dans leur pays, les risques de traversée et la législation applicable en cas d’arrivée au Royaume-Uni», affirme le plan. S’ils devront confirmer leur affiliation au ministère de l’Intérieur, leur contenu ne sera pas estampillé du gouvernement.
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Ces personnalités du Web ont été sélectionnées pour «leur capacité à intéresser les jeunes hommes». En passant par des influenceurs sur TikTok, le ministère contourne également l’interdiction d’utilisation du réseau social par le gouvernement, qui l’empêche de faire de la publicité directement sur l’application chinoise.
«Utiliser les mêmes plateformes que les passeurs»
«Les passeurs utilisent fréquemment les réseaux sociaux pour divulguer des mensonges et promouvoir leurs activités criminelles. Il est essentiel que nous utilisions les mêmes plateformes pour informer les migrants des dangers que cela représente», a détaillé un porte-parole du bureau de l’Intérieur au Times.
Ce n’est pas la première fois que le Royaume-Uni mise sur les réseaux sociaux en termes de politique migratoire. En août dernier, The Independent révélait que le gouvernement avait payé au moins 35.000 livres à Meta pour diffuser des centaines de publicités sur Facebook et Instagram auprès de personnes dans le nord de la France et en Belgique entre janvier 2021 et septembre 2022.
Impossible toutefois de quantifier le nombre de personnes qui y ont été exposées. Les estimations vont de 1 000 personnes à plus d’un million. D’autant plus que ces annonces ne pouvaient pas cibler d’utilisateurs en particulier : si elles ont parfois atteint les demandeurs d’asile, des touristes ou des habitants de Bruxelles, Calais ou Dunkerque les ont également vues défiler dans leurs fils d’actualité.
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