Elle espère devenir la première société privée à réussir à se poser sur la Lune. Après des soucis techniques qui ont entraîné l’abandon d’une première tentative, la veille, la fusée Falcon-9 de SpaceX transportant l’alunisseur Nova-C de l’entreprise Intuitive Machines, a décollé de la Floride dans la nuit de mercredi 14 à jeudi 15 février, à 1 h 06. « Confirmé : l’alunisseur Nova-C s’est détaché et continue son voyage vers la Lune », a écrit la NASA, l’agence spatiale américaine, sur X.
La mission, nommée IM-1, emporte l’alunisseur développé par l’entreprise texane fondée en 2013. L’exemplaire utilisé pour cette première mission a été baptisé Odysseus. Si tout se passe comme espéré, l’appareil tentera de se poser sur la Lune jeudi 22 février.
L’opération était plus délicate que les décollages habituels pour SpaceX qui devait remplir l’alunisseur de carburant cryogénique (méthane et oxygène liquides), juste avant de remplir sa propre fusée. Un problème concernant la température du méthane avait été rencontré lors de la première tentative, dans la nuit de mardi à mercredi, poussant au report.
Après le décollage, l’alunisseur s’est détaché de l’étage supérieur de la fusée avant d’être mis sous tension. Puis la communication devait être établie avec la salle de contrôle d’Intuitive Machines, située à Houston, au Texas. Une première poussée du moteur est ensuite prévue, afin de vérifier son fonctionnement et d’ajuster la trajectoire vers la Lune.
Aucun alunissage privé réussi pour le moment
L’Inde et le Japon ont récemment réussi à se poser sur la surface lunaire, devenant les quatrième et cinquième pays à réussir l’opération, après l’Union soviétique, les Etats-Unis et la Chine. Mais plusieurs entreprises privées, y compris une autre société américaine, ont, elles, échoué, pour l’instant, à reproduire cette prouesse.
Si Intuitive Machines y parvient, il s’agirait d’une étape historique pour le secteur spatial, qui marquerait en outre le premier atterrissage d’un engin américain sur la Lune depuis la fin du programme Apollo, il y a plus de cinquante ans.
La mission s’inscrit dans un nouveau programme nommé CLPS (pour Commercial Lunar Payload Services – « Services commerciaux de charge lunaire utile »), mis sur pied par la NASA, qui a chargé des sociétés privées d’emporter sur la Lune du matériel scientifique, afin d’y préparer le retour d’astronautes. En s’appuyant sur le secteur privé, l’agence spatiale américaine dit pouvoir envoyer davantage de matériel, plus fréquemment et pour moins cher qu’avec des véhicules lui appartenant. Le contrat signé par la NASA pour cette première mission d’Intuitive Machines s’élève à 118 millions de dollars (109 millions d’euros).
Le modèle de l’alunisseur envoyé est nommé Nova-C, et mesure plus de quatre mètres de haut. L’exemplaire utilisé pour cette première mission a été baptisé Odysseus. Il emporte six cargaisons privées, dont des sculptures de l’artiste contemporain Jeff Koons représentant les phases de la Lune. Mais il transporte surtout six instruments scientifiques de la NASA, principale cliente pour ce voyage.
Plusieurs autres missions privées prévues
Le lieu d’atterrissage prévu est un cratère près du pôle Sud de la Lune, encore peu exploré. Le pôle Sud lunaire est important pour la NASA, car c’est là qu’elle souhaite faire atterrir ses astronautes, à partir de 2026 au plus tôt, dans le cadre des missions Artemis. La raison : il s’y trouve de l’eau sous forme de glace, qui pourrait être exploitée. Les six instruments scientifiques embarqués doivent permettre d’étudier cet environnement particulier.
Quatre caméras observeront, par exemple, la phase de descente et la poussière projetée lors de l’atterrissage, afin de comparer ses effets à ceux des alunissages d’Apollo, réalisés plus près de l’équateur.
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Une première entreprise américaine, Astrobotic, elle aussi sous contrat avec la NASA pour le programme CLPS, avait échoué à atteindre la Lune en janvier. Un nouvel essai d’envoi de son alunisseur Peregrine ainsi que deux autres missions d’Intuitive Machines (IM-2 et IM-3) sont d’ores et déjà prévus cette année. Une troisième société américaine, Firefly Aerospace, doit elle aussi tenter l’aventure en 2024. Les essais d’autres compagnies, israélienne et japonaise, s’étaient, eux, soldés en 2019 et 2023 par des crashs.
Source du contenu: www.lemonde.fr