Un monde de tech – Les Cyber-Partisans biélorusses affirment avoir piraté le KGB de leur pays

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Le groupe des pirates informatiques dénommé les Cyber-Partisans vient de revendiquer un vol massif de données exfiltrées de l’agence des services de renseignement de la Biélorussie. L’objectif de cette opération est d’alerter une nouvelle fois la communauté internationale sur la répression qui sévit depuis des années dans ce pays allié de la Russie.

Les premières actions des Cyber-Partisans ont commencé après la réélection controversée d’Alexandre Loukachenko en 2020. Face à la répression sévère des manifestations post-électorales, ce groupe, composé à l’origine d’une dizaine d’informaticiens du pays, décide alors de s’installer à l’étranger pour lutter contre le régime autoritaire de la Biélorussie. Leurs opérations étaient au début plutôt d’ordre symbolique, comme le piratage des sites d’information contrôlés par le régime, pour diffuser les images des brutalités policières contre les manifestants. Ils ont également remplacé le drapeau officiel biélorusse sur des sites gouvernementaux par le drapeau blanc-rouge-blanc, qui est devenu le symbole de la résistance pour les dissidents du pays. Leurs cyberattaques se sont intensifiées avec l’invasion de l’Ukraine pour dénoncer le soutien apporté par Alexandre Loukachenko à Vladimir Poutine au début de l’offensive Russe.


Le piratage du KGB biélorusse

Le dernier fait d’armes des Cyber-Partisans serait d’avoir piraté les services du renseignement biélorusse qui, pour l’anecdote, se dénomme toujours le KGB depuis l’époque soviétique. Selon la représentante du groupe installée aux États-Unis, les pirates auraient exfiltré les dossiers et les noms de près de 9 000 employés du KGB. Ceux qui se désignent eux-mêmes comme des « hackers éthiques » ont déjà publié quelques noms sur leur compte Télegram. Mais ces divulgations, connues depuis longtemps, ne constituent pas la preuve d’un nouveau cyberpiratage, explique le fondateur du site Zataz Damien Bancal. Cet expert français de la cybersécurité estime, en revanche, que ces révélations constituent une opération de communication de la part du groupe : « Ce qu’il est intéressant de noter, c’est que ce groupe de pirates informatiques communique depuis quelques mois sur des opérations du même type. Par exemple, ils annonçaient en juillet dernier avoir attaqué l’Université d’État de Biélorussie. Aujourd’hui, ils annoncent avoir extrait des données sensibles des systèmes informatiques du service de renseignement du KGB de leur pays. Mais le problème est que les informations qu’ils diffusent, circulent depuis quelque temps déjà sur le darknet. »


Des cyberattaques et des campagnes de communication

Et Damien Bancal de poursuivre : « Comme beaucoup d’autres groupes de pirates qui se disent “hackers activistes et éthiques“, les Cyber-Partisans ont besoin d’entretenir les soutiens des militants qui les suivent en ligne, en réalisant des opérations de piratage qui ressemblent plutôt à des campagnes de communication. Si cette intrusion dans les serveurs internes du KGB est bien réelle, on peut présumer que les services de renseignement de la Biélorussie vont certainement essayer de comprendre comment les pirates ont exfiltré ces informations sensibles de leurs serveurs informatiques et chercher les complices en interne qui auraient pu les aider. Par ailleurs, ce piratage commandité depuis l’extérieur peut aussi mettre en danger les pays qui ont participé à cette cyberattaque, mais surtout, les personnes en Biélorussie qui auraient apporté leur contribution pour la mener à bien. »

Les Cyber-Partisans recrutent des volontaires

Depuis l’invasion de l’Ukraine, de nombreux pirates amateurs participent à des cyberattaques, souvent à la demande des groupes étatiques qui s’affrontent en ligne. C’est le cas des Cyber-Partisans qui lancent régulièrement des appels sur ses réseaux pour recruter des volontaires. Prudence toutefois, car la guerre même numérique n’est pas du tout un jeu vidéo. Et clairement, il faut arrêter de vouloir participer de son salon à ce genre d’opération aux conséquences potentiellement dramatiques, à la fois pour vous-même, mais également pour les infrastructures numériques de votre pays en cas de cyberreprésailles.


Source du contenu: www.rfi.fr

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