L’utilisation « problématique » des réseaux sociaux est en hausse chez les jeunes Européens qui sont aussi les plus nombreux à risquer de développer une addiction aux jeux en ligne, a alerté l’Organisation mondiale de la santé. Les adolescentes roumaines de 13 et 15 ans seraient ainsi les plus touchées par ce phénomène inquiétant, révèle le rapport de l’agence onusienne.
Les données analysées par l’OMS ont été collectées auprès de 280 000 jeunes de 11, 13, et 15 ans, originaires de 44 pays d’Europe, d’Asie centrale et du Canada. Le rapport publié sur le site de l’agence onusienne dévoile que la plupart des jeunes internautes présentent des symptômes à de divers degrés qui seraient similaires à ceux que provoque l’usage de stupéfiants. Les plus touchés déclarent avoir une incapacité à contrôler ou réguler leur utilisation excessive des réseaux. Certains se plaignent d’une sensation de manque quand ils sont déconnectés. D’autres abandonnent leurs activités sportives ou renoncent de jouer avec leurs amis, au profit des médias sociaux. Autre effet délétère relevé par l’OMS : un tiers des adolescents dans le monde joue en ligne quotidiennement et, pour certains, pendant au moins quatre heures d’affilée. 12 % d’entre eux développent un comportement problématique en lien avec cette pratique vidéo ludique intense, qui les coupe totalement de leur entourage.
La cyberaddiction, un problème majeur de santé publique
De nombreuses publications scientifiques ont souligné les effets délétères sur la santé mentale de l’usage excessif des médias sociaux et des jeux en ligne. Ces recherches ont mis en évidence des problèmes de neurodéveloppement et des retards sur le fonctionnement cognitif des jeunes enfants et des adolescents, indique Alexis Peschard, addictologue et auteur aux éditions Mardaga du guide Tous accros aux écrans : « La cyberaddiction, encore plus que les autres formes de dépendance quand elle concerne l’usage excessif des écrans et des médias sociaux par les adolescents, engendre des pathologies d’enfermement qui les coupent de tous liens sociaux. Une tendance à l’enfermement qui s’inscrit dans la durée et c’est bien ce qui inquiète les professionnels de la santé quand les pratiques en ligne des plus jeunes nuisent à leur santé mentale. La cyberaddiction est devenue un problème majeur de santé publique dans nos sociétés hyperconnectées ».
Cyberaddiction, l’OMS tire la sonnette d’alarme
L’utilisation excessive des médias sociaux par les plus jeunes, dont il a été démontré qu’elle mène à la dépression, au harcèlement, à l’anxiété et à des résultats scolaires médiocres, inquiète l’agence onusienne. Elle recommande aux autorités nationales en Europe, les plus touchées par le phénomène, de mettre en place des mesures éducatives en urgence pour les jeunes internautes. Le constat de l’OMS sur la cyberaddiction qui afflige les plus jeunes est partagé par la Commission européenne et le Parlement de l’UE. Ces derniers mois, les textes législatifs afin d’encadrer plus strictement les dispositifs techniques mis en place par les géants des médias sociaux se sont multipliés. Ces nouveaux règlements qui se mettent doucement en place demandent aux grandes plates-formes numériques de revoir leurs copies sous peine d’amendes colossales ou la menace d’une fermeture. Toutefois, même les États-Unis, où plus d’une quarantaine d’États ont déjà porté plainte contre Instagram et Facebook, propriétés de Meta, ou encore contre la plate-forme chinoise TikTok, peinent à endiguer le phénomène grandissant de l’addiction aux écrans.
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