Un monde de tech – Surchauffe numérique: l’Espagne immerge ses centres de données dans un fluide réfrigérant

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Les besoins énergétiques pour faire tourner les programmes de l’IA ne cessent de s’amplifier, en surchauffant les ordinateurs dans les fermes de serveurs. Une jeune entreprise espagnole a mis au point une technique pour les refroidir en les plongeant dans un fluide réfrigérant. Cette solution permet de diminuer à la fois l’empreinte carbone et la consommation électrique des centres de données.

Comme c’est le cas pour la planète, le numérique, lui aussi, est en surchauffe. Toutes les données informatiques du monde qui transitent par les réseaux de l’Internet sont gérés et hébergés dans des fermes d’ordinateurs dénommés « serveurs ». Mais les centaines de milliers de centres de données du monde entier gaspillent autant d’énergie pour fonctionner que pour refroidir leurs composants.

Une gabegie énergétique qui augmente considérablement depuis la démocratisation de l’intelligence artificielle dite générative auprès du grand public. La requête d’un internaute utilisant un programme IA de type ChatGPT, pour créer une image, nécessite 10 fois plus d’électricité pour être traitée, qu’une recherche classique sur Google. Et des dizaines de milliards de ces requêtes en ligne sur les serveurs dédiés à l’IA sont réalisés quotidiennement dans le monde.

En 2025, les centres de données engloutiront 10% de l’électricité mondiale

Les fermes de serveurs sont aussi responsables entre 4 et 6% des émissions de CO2, selon différentes études, dépassant ainsi celles qui sont générées par le transport aérien. Consciente du problème dès 2015, la jeune entreprise Submer à Barcelone s’est lancée dans la conception de centres de données plus respectueux de l’environnement. Elle a développé une technologie de refroidissement liquide des serveurs informatiques.


Concrètement, les machines des centres de données sont disposées à la verticale dans un bac rempli d’un fluide diélectrique caloporteur de son invention qui est évidemment non-conducteur de courant, précise l’entreprise. Le fluide surchauffé est dirigé vers une tour de refroidissement qui évacue la chaleur et renvoie un liquide frais vers les ordinateurs. Le système peut être couplé à un circuit externe qui alimentera alors en chauffage les habitations aux alentours.


Cette innovation permet de réaliser des économies de l’ordre de 50 % en électricité. Submer a déjà séduit certaines firmes de l’high-tech comme Dell, Supermicro et Intel qui utilisent son système. En Europe, Airbus, la Commission européenne, l’accélérateur de particules du Cern à Genève, notamment pour refroidir ses supercalculateurs, l’emploient déjà.

Des alternatives au refroidissement énergivore des centres de données

En 2018, le géant Microsoft testait déjà le refroidissement par immersion dans le cadre de son projet Natick avec un centre de données subaquatique en milieu marin. Un container étanche qui renfermait 864 ordinateurs a été immergé par 35 mètres de fond au large de l’Écosse.


Le projet, bien que techniquement concluant, n’a pas été prolongé, Microsoft estimant que la connexion des utilisateurs éloignés des serveurs sous-marins serait trop lente. C’est donc en Europe que le refroidissement liquide par immersion des serveurs informatiques à de l’avenir. Le néerlandais Iceotope, par exemple, se lance sur ce créneau en collaboration avec Schneider Electric. L’espagnol Submer consolide son développement, en levant 55 millions de dollars auprès d’investisseurs internationaux pour étendre ses activités dans le monde entier.

Source du contenu: www.rfi.fr

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