Alice Milliat, la pionnière des JO féminins enfin honorée

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Ce sont des Jeux olympiques oubliés. D’ailleurs, cette olympiade ne porte même pas de numéro. Dire si elle ne compte pas ! Et pourtant… Le 20 août 1922, au stade Pershing, dans le bois de Vincennes, se déroulent les premiers Jeux olympiques féminins. Plus de soixante-dix sportives internationales s’affrontent dans une poignée de disciplines, le temps d’une journée, devant vingt mille spectateurs, mi-curieux, mi-goguenards, et quelques journalistes dubitatifs – ou carrément goguenards, eux… Qu’importe : ces aventurières du sport viennent d’ouvrir une brèche.

L’initiative de cette manifestation revient à une Française : Alice Milliat (1884-1957). Cette grande figure a été longtemps négligée dans l’historiographie sportive. Mais des héritières tentent aujourd’hui d’en raviver la mémoire et l’œuvre, profitant de la venue des Jeux à Paris. Une biographie, Alice Milliat, la femme olympique, de Sophie Danger (éditions Les Pérégrines), doit sortir le 19 avril.

Un autre livre, Merci Alice, à paraître le 2 mai, ramasse les portraits de cette défricheuse et de soixante-dix-neuf championnes olympiques ou paralympiques écrits par quatre-vingts femmes (l’ouvrage est coédité par la Fondation Alice Milliat et L’Equipe). Un festival de films documentaires, Sportives en lumière, doit se tenir à Montreuil (Seine-Saint-Denis), du 7 au 9 mars. Des colloques sont aussi organisés. Une riche actualité qui permet d’honorer cette personnalité hors du commun.

Le veto méprisant du CIO

Nantaise, Alice Million, devenue Milliat après un éphémère mariage avec Joseph, mort quand elle n’avait que 24 ans, est une rameuse et nageuse émérite qui vit de traductions et du métier de sténodactylo. Très vite, elle devient responsable d’un club de sport féminin et se heurte à ceux qui y voient une hérésie. Patronne de l’embryonnaire Fédération française des sports féminins, fondatrice de la Fédération internationale des sports féminins, elle tente après la première guerre mondiale de faire admettre, notamment dans la discipline reine qu’est l’athlétisme, la présence pleine et entière des femmes lors des Jeux.

Le Comité international olympique (CIO) met un veto méprisant. Il serait injuste d’attribuer à Pierre de Coubertin, son président et fondateur, l’exclusivité d’une misogynie ancrée dans la société. Dans un article publié en 2019 par Revue d’histoire, l’historienne Florence Carpentier restitue parfaitement l’action d’Alice Milliat dans l’ambiance phallocrate de l’époque et dans le contexte des combats féministes du moment. « Oui la femme a droit au sport ! Ne venez pas nous mettre en avant ce vieux lieu commun qu’elle doit rester au foyer pour raccommoder les chaussettes… », tempête la pionnière, le 5 février 1927, lors d’un colloque.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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