Le combat entre les poids lourds Oleksandr Usyk et Tyson Fury en mai 2024 à la Kingdom Arena de Riyad (Arabie saoudite) sonnait comme l’un des affrontements les plus historiques de la boxe anglaise. D’un côté, l’Ukrainien, 37 ans, alors détenteur des ceintures des fédérations WBA (World Boxing Association), WBO (World Boxing Organization) et IBF (International Boxing Federation). De l’autre, le Britannique, 36 ans, champion des poids lourds au sein de la WBC (World Boxing Council).
Vainqueur par décision partagée, Oleksandr Usyk était devenu le premier champion incontesté de l’histoire de la catégorie en s’adjugeant les quatre titres (WBA, WBC, IBF et WBO). Le dernier en date à réaliser cette performance était le Britannique Lennox Lewis en 1999, à l’époque où seules trois ceintures se disputaient chez les poids lourds.
La revanche entre les deux boxeurs, prévue samedi 21 décembre dans la soirée à la Kingdom Arena de Riyad, devrait également s’inscrire dans l’histoire du noble art. Pour ce combat, Oleksandr Usyk a dû toutefois renoncer en juin à défendre une de ses ceintures, l’IBF, contre le challenger britannique Daniel Dubois.
« L’engouement reste le même, relativise Baba Diagne, consultant pour la chaîne RMC Sports. C’est le championnat du monde des poids lourds. En boxe, la dernière fois que l’on a eu deux combats d’une telle importance la même année, c’était dans les années 1990 avec les duels entre Evander Holyfield et Mike Tyson et sinon avec Joe Frazier et Mohamed Ali dans les années 1970. Ce match, c’est vraiment pour savoir qui est le meilleur poids lourd des vingt-cinq dernières années. »
Plus petit et plus léger, Oleksandr Usyk (1,91 m, 101 kg) avait surpris, par son impressionnante solidité, lors du premier acte face au géant « Gipsy King », surnom donné à Tyson Fury (2,06 m, 117 kg). « Celui qui a le plus à perdre sur cette revanche, c’est Tyson Fury. Usyk a déjà été champion indiscuté du monde des lourds légers [moins de 90,719 kg] avant de monter chez les lourds en 2019, argumente Baba Diagne. Et en deux ans, il a gagné contre les meilleurs et récupéré les quatre ceintures, ce que les poids lourds n’ont jamais réussi à faire dans toute leur carrière. Si Fury perd samedi, il ne sera pas considéré comme le meilleur de sa génération. »
« Je vais le mettre K.-O., comme promis »
Arrivé mardi sur le sol saoudien, Tyson Fury, défait une seule fois dans sa carrière, contre Usyk, s’est montré serein : « Je vais le mettre K.-O., comme promis. » Pour sa préparation, le Britannique a vécu reclus pendant trois mois, allant jusqu’à couper toute relation avec sa famille : « Cela en vaudra la peine à 100 % », a-t-il répondu à la chaîne DAZN, diffuseur de l’événement.
Cette revanche entre les deux meilleurs pugilistes de la catégorie est un cadeau de Noël avant l’heure pour les fans de la discipline. La bande-annonce hollywoodienne a fait monter l’effervescence autour du combat. « Il était difficile d’évaluer avec les moyens illégaux de streaming, mais il y avait 2 millions de téléspectateurs lors du premier acte, relève Baba Diagne. Là, pour cette revanche, il y aura plus d’audience. Tout le monde veut voir si Fury est capable de réagir. On pourrait être dans le top 5 des meilleures audiences de l’histoire de la boxe. »
La bourse pour ce combat a également été réévaluée. Les deux hommes se seraient partagé 150 millions de dollars (près de 144 millions d’euros) à l’issue du premier duel, 70 % de la somme étant allée à Tyson Fury. Cette fois-ci, la recette s’élèverait à 191 millions de dollars (183 millions d’euros), selon le média britannique The Independant. Oleksandr Usyk, champion en titre, empocherait plus de 60 % de la somme, soit un chèque de 114 millions de dollars, quelle que soit l’issue du combat.
Newsletter
« Sport »
Enquêtes, reportages, analyses : l’actualité du sport dans votre boîte e-mail chaque samedi
S’inscrire
Ce duel est aussi l’occasion pour l’Arabie saoudite de s’imposer un peu plus comme un acteur incontournable de la boxe. Sous l’égide de Turki Alalshikh, président de l’Autorité générale du divertissement, les combats au Moyen-Orient se sont multipliés ces dernières années : « C’est lui qui est à l’origine de tout ça, résume Baba Diagne. Avec l’argument financier, il a réussi à faire collaborer deux promoteurs, Eddie Hearn et Frank Warren, qui ne voulaient pas travailler ensemble. Et cela a permis des combats que les fans de la boxe attendaient depuis longtemps. »
Source du contenu: www.lemonde.fr