Cérémonie d’ouverture des JO : une « ville-monde » à l’avant-scène de l’histoire

Share

« Pour la première fois, on ne tournera pas en rond. » A quelques heures du commencement des Jeux olympiques (JO) de Paris, vendredi 26 juillet, l’historien Patrick Boucheron, professeur au Collège de France et coauteur de la cérémonie d’ouverture orchestrée par le metteur en scène Thomas Jolly, en était encore à distiller au compte-gouttes les phrases sibyllines, sans lever le voile sur les multiples secrets que l’équipe des concepteurs du spectacle était parvenue à conserver jusqu’au bout.

Seul était connu le dispositif scénique, révolutionnaire de par son gigantisme : une longue procession suivant le cours de la Seine sur plus de six kilomètres, dans le centre de la capitale, voisinant plusieurs des lieux les plus emblématiques de l’histoire nationale et mobilisant 3 000 danseurs et performeurs de tous horizons, autour d’un récit en douze tableaux, dans le but d’affirmer que « nous pouvons encore vivre ensemble ».

Le spectacle se voulait tout sauf didactique – « c’est un récit mais c’est avant tout du spectacle vivant », prévenait l’historien –, et promettait de se confronter avec le récit national, pour le réinterpréter. Mais pour le reste, le flou était complet.

Les participants ne tourneraient pas en rond, donc, c’était acquis. Pas question, cette fois, de faire des tours de piste au cœur d’un stade. Restait juste à voir, le soir venu, s’ils parviendraient à emmener quelque part les 300 000 spectateurs, ainsi que les centaines de millions de téléspectateurs appelés à suivre la cérémonie sur toute la planète. Ce pari paraît avoir été gagné, haut la main.

Dans son travail préparatoire, l’équipe chargée de concevoir la manifestation avait identifié un repoussoir absolu : la cérémonie d’ouverture des Jeux de Pékin (2008), glorifiant un passé mythifié et la grandeur retrouvée d’un Etat redevenu l’« empire du Milieu », et salué au contraire la réussite de celle de Londres, en 2012, toute en ironie et en autodérision.

« Ne pas faire la leçon au monde »

Elle avait également convoqué un souvenir plus lointain, celui du défilé festif organisé au soir du 14 juillet 1989, sur les Champs-Elysées, par le publicitaire Jean-Paul Goude, autour de La Marseillaise, pour célébrer le bicentenaire de la Révolution française et l’universalisme des idéaux révolutionnaires. Une manifestation monumentale, elle aussi, qui avait mobilisé des milliers d’artistes et ne s’était pas interdit de prendre l’actualité à bras-le-corps en s’ouvrant par la procession de cent cinquante Chinois de Paris silencieux, en hommage aux victimes de la sanglante répression des manifestations de la place Tienanmen, à Pékin, un mois plus tôt.

Il vous reste 60.15% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source du contenu: www.lemonde.fr

Dernières nouvelles

Dernières nouvelles