Charles Caudrelier, un « grand stressé » qui a joué la prudence pour s’offrir l’Arkéa Ultim Challenge

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Bonnet marin enfoncé jusqu’aux yeux, salopette de navigation jaune et pouces tendus vers le ciel, Charles Caudrelier, campé sur le balcon avant de sa coque centrale, a quelques raisons de se prendre pour le roi du monde, mardi 27 février à 8 heures 37 minutes et 42 secondes, devant l’entrée de la rade de Brest (Finistère).

Toutes voiles dehors, en configuration de vol, sous un radieux lever de soleil et dans une mer rangée, le Finistérien et son Maxi Edmond-de-Rothschild bleu, blanc, jaune viennent de couper, en vainqueurs, la ligne d’arrivée de l’Arkéa Ultim Challenge, première course autour du monde dédiée aux Ultims, trimarans volants de 32 mètres de long par 23 mètres de large, après 50 j, 19 h, 7 min et 42 s.

Un authentique exploit qu’il est seulement le 8e navigateur à réaliser, d’ouest en est en doublant les mythiques caps de Bonne-Espérance (Afrique du Sud), Leeuwin (Australie) et Horn (Chili) : une route de quelques 40 000 km que seuls sept pilotes de multicoques avant lui ont taillée en mode « record », en choisissant leur fenêtre météo de départ et avec le chronomètre pour seul adversaire.

Charles Caudrelier, qui se targue volontiers d’être un « grand stressé » a joué la prudence jusqu’au bout d’une épreuve dont il a pris la tête après le cap de Bonne-Espérance. Le duel auquel lui et Tom Laperche se livraient depuis le départ, à vue, et avec force croisements, a alors tourné au cavalier seul, après que le SVR Lazartigue du benjamin de l’épreuve (26 ans) a heurté un objet flottant non identifié, causant des dégâts qui l’ont forcé à l’abandon.

« Il [Tom Laperche] a la chance de n’avoir que la moitié de mon âge donc il pourra se consoler pendant vingt-cinq ans », a plaisanté en mettant pied à terre Caudrelier qui n’a, dès lors, cessé de creuser l’écart avec ses poursuivants. Au point de mettre son coursier au ralenti avant le cap Horn et d’admirer le paysage pour esquiver une dépression casse-bateau.

Bobos, météo exécrable et avance confortable

Méconnu du grand public français, ce natif de Paris a grandi en bord de mer, en Bretagne, tout près du pôle d’entraînement Finistère course au large. Il a d’abord tâté du golf, de l’escrime et de la planche à voile, puis a été officier de marine marchande, avant de gagner tardivement ses galons de skipper hauturier. En 2004, à 30 ans, il remporte la Solitaire du Figaro (monocoque de 10 mètres). Puis il remporte les éditions 2011-2012 et 2017-2018 de la Volvo Ocean Race (tour du monde en équipages avec escales sur monocoques de 20 mètres), avant de rejoindre, en 2019, l’écurie Gitana, propriété de la famille de banquiers suisses Rotschild, créée en 2000.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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