« On part pleine balle et on va jusqu’à la bouée jaune, en cherchant à atteindre la vitesse optimale », intime Jean-Pascal Crochet d’une voix forte et claire. Pas facile de transmettre les consignes aux athlètes avec le bourdonnement du bateau à moteur à bord duquel il dirige la séance. L’embarcation de l’entraîneur de l’équipe de France de para canoë s’éloigne ensuite, et le silence reprend ses droits sur le plan d’eau du Temple-sur-Lot (Lot-et-Garonne), site d’entraînement privilégié des sélections françaises et étrangères, olympiques et paralympiques, de canoë-kayak et d’aviron.
Peu de passage sur cette portion de rivière ce samedi 24 août au matin – à l’exception de quelques bateaux de tourisme et de pêche à qui le staff des Bleus demande prestement de ralentir l’allure pour ne pas créer de vagues –, des conditions météo clémentes, un lieu d’hébergement tout proche : la « base » est le cadre adéquat pour parfaire la préparation du collectif du para canoë, qui a rejoint après ce stage de neuf jours le site de Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne) où il s’entraîne jusqu’à son entrée dans la compétition, vendredi 6 septembre.
Aux Jeux paralympiques, ce sport ne comporte que des épreuves de sprint sur 200 m, et seulement en monoplace. La discipline a fait sa première apparition à Rio en 2016, répartie en trois niveaux de handicap : KL1 (Kayak Level 1) pour les athlètes avec une fonction limitée du tronc et sans fonction des jambes ; KL2 pour ceux présentant une fonction partielle du tronc et des jambes ; KL3 pour les athlètes pouvant utiliser leur tronc et au moins une jambe. La pirogue, composée d’un flotteur principal et d’un balancier, a été introduite lors des Jeux suivants, à Tokyo, selon la même logique de classification : VL1, VL2 et VL3 (V pour Va’a, le nom polynésien de ce type d’embarcation).
Vers 10 heures, alors que la fraîcheur enveloppe encore les bords du Lot, seule manque à l’appel la pirogue d’Eléa Charvet (VL3), qui soigne une otite. Les trois autres bateaux qualifiés sont de sortie, le kayak de Nélia Barbosa (KL3), celui de Rémy Boullé (KL1) et la pirogue d’Abel Aber (VL3). La séance s’apparente à un savant dosage de travail collectif et d’entraînement individuel. Nélia et Abel, rejoints sur l’eau par Marie Huguet, kayakiste valide et membre de l’équipe de France des moins de 23 ans, enchaînent des 50 mètres lancés sous le regard, et le chrono, de Jean-Pascal Crochet. Rémy, coaché par un autre entraîneur national, François Maucourant, part sur un programme différent et des distances plus longues.
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