JO 2024: en Égypte, le foot est roi, l’haltérophilie est reine

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Reine d’Afrique du football avec un palmarès record à la CAN pour son équipe nationale, l’Égypte a, un temps, connu des lettres de noblesse en haltérophilie. Un amour qui prend racine dans l’histoire du pays et qui a eu le mérite de garnir l’armoire à médailles olympiques avec plus d’un tiers de la moisson. Après des décennies dorées et deux ans de suspension pour une affaire de dopage, l’haltérophilie égyptienne est de retour aux Jeux olympiques à Paris 2024.

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L’Égypte se dirige vers sa 23e participation aux Jeux olympiques d’été à Paris, pour 31 médailles. Parmi ces breloques, pas moins de onze proviennent de l’haltérophilie, dont cinq en or, et ce, alors que le pays n’a décroché que huit fois le plus beau des métaux. Alors, que vient faire ce sport où la force est reine, dans une nation où le club de football Al Ahly et la sélection nationale font office de rois d’Afrique en termes de palmarès ? 

Stéphane Hatot est collectionneur d’objets de sports, féru d’haltérophilie et également président de la Fédération française de force. Fin connaisseur de l’histoire de ce sport, il a évidemment observé les athlètes égyptiens jouer des coudes avec les plus grandes nations sur la scène olympique, et ce, dès les années 1920. « L’Égypte a des athlètes qui rivalisaient déjà avec les Français avant la Seconde Guerre mondiale, alors que la France dominait l’haltérophilie », souligne-t-il.

Un sport aux racines antiques

En effet, alors que les tricolores raflent neuf fois l’or entre 1920 et 1936, leurs concurrents égyptiens font fort également. El-Sayed Nosseir est paré d’or en 1928, mais surtout les Jeux de Berlin font figure de consécration : deux médailles d’or, une d’argent et deux de bronze pour la délégation venue de la terre des pharaons. 

« Dans les pays du Moyen-Orient, il y a quand même un intérêt pour les sports de force. En Turquie, en Iran où ils sont friands d’haltérophilie… », analyse Stéphane Hatot. Il rappelle que dans la culture arabo-musulmane, d’immenses athlètes ont marqué ce sport : « Ils ont des athlètes qui ont dominé l’haltérophilie à la fin du XXe siècle, début du XXIe, comme Hossein Reza Zadeh [doublé médaillé d’or olympique en 2000 et 2004, et quadruple champion du monde chez les super-lourds, NDLR] ».


L’Iranien Hossein Reza Zadeh, détenteur du record du monde et médaillé d’or olympique, concourt dans la catégorie des plus de 105 kg de l’haltérophilie masculine aux 15e Jeux asiatiques à Doha, le 6 décembre 2006. AFP – HASSAN AMMAR

Avec un accent peut-être plus prononcé du côté du Nil. En effet, si le pays dispose d’un réservoir sportif probablement plus enclin au football que l’Iran, voire au squash, complètement dominé par les Égyptiens ces dernières années, l’haltérophilie est enracinée dans son histoire ancienne. Les épreuves olympiques de force, nées dans l’Antiquité et ayant fait leur apparition dans les toutes premières versions des Jeux, sont nées entre la Grèce et l’Égypte. La Grèce présente par ailleurs un certain passif de haute performance dans ce sport, avec plus de 10% de ses médailles olympiques obtenues en haltérophilie, cela ne s’invente pas. 

« Les épreuves de force dans l’Antiquité étaient représentées souvent avec des personnages tenant des pierres, décrit Stéphane Hatot. Ce ne sont pas les disciplines les plus connues, je ne sais pas quels étaient les mouvements, mais on a retrouvé des représentations dans ces régions. » Des racines lointaines qui ont tout de même pris un coup ces dernières années. 

Le spectre du dopage

D’abord parce que dans son histoire sportive récente, l’Égypte s’est montrée moins performante. Le gros des breloques olympiques remportées en haltérophilie l’ont été dans la première moitié du XXe siècle, avant un retour en forme à Pékin et Rio (2008-2016). Après quoi, plus rien. Notamment en raison d’affaires de dopage venues entacher la fédération égyptienne.

Après sept tests positifs réalisés à la suite d’une série de sept contrôles antidopage chez des jeunes haltérophiles égyptiens en 2016, le couperet est tombé en 2019 : le pays est suspendu pour deux ans de toute participation à des compétitions internationales, JO compris. Malgré un appel, le Tribunal arbitral du sport a confirmé la sanction en décembre de la même année, un vrai coup dur pour le sport égyptien 


Pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2024, Paris va accueillir la plus grosse délégation égyptienne de l’histoire, renforcée par le retour de ses haltérophiles tous suspendus à Tokyo. Avec de belles chances de médaille, puisque Karim Abokhala, qui a été sacré champion du monde à Doha l’an dernier chez les -96 kg, et Sara Ahmed, médaillée de bronze à Rio et championne du monde 2022 chez les -69 kg, seront de la partie.


Source du contenu: www.rfi.fr

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