JO 2024 : Jessica Fox, médaillée en canoë-kayak à Londres, Rio et Tokyo, s’élance à Paris en quête de nouveaux titres

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Exceptionnellement, Jessica Fox abrégera son temps de sommeil la nuit précédant son entrée dans la compétition olympique, samedi 27 juillet, sur le plan d’eau de Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne). La grande favorite des épreuves de canoë-kayak (elle domine les trois disciplines du kayak slalom, du canoë slalom et du kayak cross) a une bonne raison pour cela : elle a été choisie, au côté du champion de hockey sur gazon Eddie Ockenden, pour porter le drapeau australien durant la cérémonie d’ouverture des Jeux, vendredi soir le long de la Seine.

Tant pis si l’anneau connecté qu’elle porte au doigt afin d’enregistrer ses données biométriques l’incite à dormir davantage. « C’est un honneur qui ne se refuse pas », réagit l’athlète. Pour mesurer les impacts d’une nuit écourtée, cette perfectionniste a suivi une soirée de concert de Taylor Swift en Australie et enchaîné une simulation de course à l’entraînement le lendemain. Sans dommages apparents !

La jeune femme a donné ses premiers coups de pagaie dans les calanques de Marseille, mais à partir de ses 3 ans, c’est à Sydney qu’elle a grandi, près du bassin construit pour les épreuves de canoë-kayak des JO 2000. Ses parents s’y installent pour entraîner l’équipe australienne, forts tous deux d’un palmarès conséquent : son père britannique, Richard Fox, est quintuple champion du monde de kayak ; sa mère française, Myriam Jérusalmi, médaillée de bronze aux Jeux 1996 à Atlanta et double médaillée d’or mondiale.

Famille de médaillés

Dans une famille où l’on collectionne les médailles comme d’autres les galets d’une rivière, « Jess » fait mieux. A 30 ans, elle détient déjà dix titres de championne du monde (4 en kayak, 4 en canoë et 2 en cross) et trois médailles olympiques (argent à Londres, bronze à Rio, or à Tokyo). Elle se voit bien occuper les podiums à Paris et prolonger son exceptionnelle carrière jusqu’aux Jeux 2032 à Brisbane en Australie, « sur l’eau ou dans l’organisation, si sa motivation venait à flancher. Pour le moment, l’envie est toujours là, je sens que je peux encore progresser et comme je concours dans trois catégories, je ne m’ennuie jamais. »

A Vaires-sur-Marne, où elle est venue s’entraîner mi-mars puis mi-mai pour prendre ses repères dans le bassin des Jeux, elle a multiplié les sessions de 45 minutes, décortiquant ensuite les difficultés du parcours avec sa mère, qui est aussi sa coach en équipe nationale. Chez elle en Australie, elle conjugue une à deux séances d’eau vive par jour avec du plat, quelques sessions hebdomadaires de musculation, de Pilates, de yoga et de footing. « Les matins où j’ai un peu de mal à me lever, ma mère est là pour trouver les mots et me booster », raconte-t-elle. Comme au bord du bassin olympique, par un matin froid de mars. « A mon arrivée, je suis passée de 38 °C à Sydney à 6 °C ici, plaisante l’athlète. C’était dur, surtout pour mes mains, ça changeait mes sensations. »

« Elle sait lire l’eau et elle apprend vite », témoigne Myriam Jérusalmi. « Lorsque j’ai disputé les JO en 1996, Jessica avait 2 ans et se tenait au bord du bassin. Quand je suis devenue coach, elle était toujours au bord du bassin, cette fois parce que je n’avais personne pour la garder », raconte-t-elle pour analyser la précocité de son aînée. Car la médaillée de Sydney a une fille cadette, Noemie, elle aussi kayakiste, elle aussi qualifiée pour les Jeux de Paris.

Elle vit de son sport

Sur le plan d’eau, avant d’être aspiré par le courant, les deux sœurs papotent et partent d’un fou rire. Mais lorsque le chrono est déclenché, le sourire de Jess laisse place à une concentration maximale. En quelques coups de pagaie puissants, elle se projette vers l’avant, le regard vers la prochaine porte, sous son casque au dos duquel est gravé cet extrait d’une chanson de Guy Béart que lui fredonnait son grand-père maternel, président du club de canoë-kayak de Marseille Mazargues : « Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive. »

Son talent a attiré à elle plusieurs gros sponsors, dont Adidas, Toyota ou la compagnie locale Sydney Waters, qui lui permettent de vivre de son sport bien qu’elle poursuive des études en MBA Business « pour l’après canoë-kayak ». Elle rejoindra prochainement la chaîne de télévision Channel 9 pour y commenter les Jeux paralympiques, puis d’autres événements sportifs ensuite. « Jess est devenue une personnalité sportive, surtout après les Jeux de Tokyo où elle a remporté l’or, retient sa sœur. Nous étions en période de Covid, nous sommes dans le même fuseau horaire et les finales ont été très suivies à la télé cette année-là. Les Australiens ont vraiment découvert la championne qu’elle était. »

Vainqueure des finales de Coupe du monde de canoë et de kayak en 2023 à Vaires-sur-Marne, la fan de natation, de gym et de netball – elle a commencé le kayak vers 12 ans sur le conseil d’un kiné, pour rééduquer le bras qu’elle s’était cassé durant cette pratique sportive intense – est sans l’ombre d’un doute « la leader de la discipline », reconnaît la Française Camille Prigent. Les deux kayakistes ont en commun de pratiquer le slalom et le cross, l’épreuve où quatre rameuses s’élancent ensemble d’une rampe à près de cinq mètres au-dessus de l’eau. Leur premier rendez-vous est prévu samedi pour les épreuves éliminatoires féminines de kayak slalom.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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