Dans son long voyage du Bhoutan vers la ligne d’arrivée du marathon olympique féminin, le 11 août, à Paris, au pied des Invalides, ce furent sans conteste les 42,195 derniers kilomètres qui furent les plus pénibles pour Kinzang Lhamo. Mais, à la veillée, quelque part dans ses montagnes himalayennes, s’éclairant à la lumière chaude des souvenirs, nul doute que l’athlète dira que cela valait le déplacement et la souffrance. Et que les Parisiens étaient, aussi étrange que cela puisse paraître, des gens bien sympathiques et conviviaux.
La quatre-vingtième et dernière concurrente de l’épreuve olympique aura mis 3 h 52 m 59 s pour parcourir cette distance bancale. Sifan Hassan, la vainqueure néerlandaise d’origine éthiopienne, était arrivée depuis une heure et demie, fraîche comme une rose des Pays-Bas. Les autres concurrentes, toutes les « etc. » du classement, étaient déjà reparties clopin-clopant, les jambes en bois, les muscles à l’agonie, avec une démarche raide d’échassier.
Une Népalaise que tout le monde pensait dernière avait franchi la ligne sous les acclamations depuis près d’une heure. Les journalistes les plus besogneux achevaient leur article dans la tribune de presse, quand une rumeur est montée de quelque part au loin sur le parcours. Le brouhaha s’est fait exclamations de surprise, puis vivats, puis tonitruante ovation quand Kinzang Lhamo, 26 ans, a débouché du virage et commencé à fouler la moquette bleue précédant l’arrivée. Ce moelleux revêtement devait la changer du bitume francilien chauffé par le cagnard et lui paraître tapis volant, porté par le zéphyr des encouragements.
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