« L’âme du club renaît » : N’Golo Kanté a redonné de l’espoir aux fans du Royal Excelsior Virton

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N’Golo Kanté ? « Ce n’est pas Messi, mais, pour nous, c’est le Messie, monsieur ! » Robert prend le soleil devant le stade Yvan-Georges du Royal Excelsior et rit de son bon mot. Comme beaucoup d’autres amateurs de football dans cette région pauvre en équipes de renom, il s’est posé des questions quand, en juin 2023, le quotidien régional L’Avenir annonçait, à la surprise générale, que le club local (alors relégué en National 1, la troisième division belge) avait été racheté par l’ex-milieu de terrain de Chelsea, désormais exilé à Al-Ittihad, en Arabie saoudite, et retenu par Didier Deschamps pour participer à l’Euro 2024 (14 juin-14 juillet). « Je me suis demandé comment lui et ses amis nous avaient trouvés sur la carte et ce qu’ils venaient faire ici, mais là, je suis rassuré. Et puisque Kanté va rejouer en équipe de France pour l’Euro, j’espère maintenant qu’il va venir nous dire bonjour ! »

Robert n’était pas seul à s’interroger, à l’époque, sur l’investissement – un million d’euros, selon la rumeur – consenti par le joueur pour acquérir le club de Virton, une petite ville de 11 500 habitants, « capitale » de la Gaume, une sous-région de la province du Luxembourg belge. Ici, on aime la France et on commémore une terrible journée d’août 1914, quand vingt mille soldats de la République sont morts en l’espace d’une seule journée. On chante La Marseillaise au stade, et le maire – ici pas de « bourgmestre » –, Vincent Wauthoz, travaille sous le regard de trois statuettes, bleue, blanche et rouge, de Louis Pasteur. Un cadeau de la ville de Dole (Jura), où naquit le scientifique.

Ouverture du score par Mayron De Almeida sur penalty lors d’un match contre l’Athlétique louviéroise, au stade Yvan-Georges de Virton (Belgique), le 11 novembre 2023.

L’amour voué au pays voisin ne pouvait toutefois occulter certaines questions, concède M. Wauthoz : que venaient faire « des Parisiens » dans cette lointaine et verte province et ce club quasi inconnu ? D’autant qu’après une belle saison 2019-2020 en D1 B – la deuxième division, renommée Challenger Pro League depuis –, le Royal Excelsior, qui rêvait de D1 A – l’équivalent de la Ligue 1 française –, a plutôt vécu un cauchemar : privé de licence, relégué, redevenu amateur, le club a, en outre, dû fermer les portes de son académie. Cette école avait pourtant compté jusqu’à cinq cents jeunes et deux internationaux belges en sont issus : Thomas Meunier, un ancien du PSG et de Dortmund désormais à Trabzonspor, en Turquie, et Timothy Castagne, arrière droit à Fulham.

« Des gens sérieux »

Pendant l’été 2023, le scepticisme est encore monté d’un cran quand quelques rappels et propos désagréables ont circulé. Il y a d’abord eu cette affaire de chantage et de pression, datant de 2017 et mêlant des intermédiaires : elle a valu à Kanté d’être menacé avec une arme. On s’est aussi interrogé sur le rôle futur de Merouan Hakem, agent de joueurs et frère de Mohamed Hakem, désigné manageur général de l’Excelsior. Certains craignaient clairement de voir « des racailles », selon les termes employés dans la Gaume, débarquer dans la bourgade et L’Avenir se demandait si l’international français avait agi « de son plein gré ou sous l’influence néfaste de conseillers aux intérêts nébuleux ». Des « potes » auxquels il aurait voulu offrir un joujou, pas trop loin de chez eux.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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