Champion du monde du triple saut et docteur en génie électrique, Hugues Fabrice Zango allie l’excellence dans le sport et dans la recherche mais n’a qu’un seul but: devenir le premier athlète burkinabè à gagner l’or olympique, à Paris.
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Rien ne semble pouvoir arrêter la folle ascension de Hugues Fabrice Zango, que ce soit vers l’Olympe ou la réussite universitaire. L’athlète de 30 ans est déjà entré dans l’histoire de son pays en lui rapportant sa première médaille olympique, le bronze aux Jeux de Tokyo en 2021. Cette année-là, il avait aussi établi un nouveau record du monde en salle en sautant à 18,07 m à Aubière, près de Clermont.
Deux ans plus tard, le natif de Ouagadougou a glané l’or mondial à Budapest, auquel il a ajouté le titre mondial en salle début mars à Glasgow. La couronne de roi actuel de la discipline est toujours bien fixée sur sa tête, qui n’a rien à envier à son physique.
Car dans le monde universitaire, le Burkinabè incarne à merveille la citation latine « Mens sana in corpore sano » (un esprit sain dans un corps sain). Inscrit à l’université de Béthune en même temps qu’au club de l’Artois Athlétisme, Hugues Fabrice Zango n’a jamais arrêté ses études, son deuxième moteur, jusqu’à obtenir son doctorat en génie électrique en décembre 2023.
« L’homme, un animal qui s’adapte »
Son secret? « Une question de méthode: apprendre à apprendre », répond-il avec simplicité. « Il arrivait en cours toujours l’air un peu effacé, absent, mais l’œil était bien affûté », détaille son directeur de thèse et professeur en Master Jean-Philippe Lecointe qui salue sa « capacité d’assimilation ultrarapide.»
C’est précisément pour jouer sur les deux tableaux que Zango débarque dans le Pas-de-Calais en 2016, loin de tous ses repères. « Heureusement que l’homme est un animal qui s’adapte à ses conditions...», souffle-t-il.
Alimentation, climat, solitude… Le Burkinabè découvre un autre monde. « Il faisait déjà extrêmement froid pour moi, raconte-t-il. Mon premier hiver était compliqué. Je n’arrivais plus à sauter loin. Il faisait trop froid pour moi. C’était déprimant de se réveiller à 7h00 alors qu’il faisait encore nuit. Donc, j’ai vécu six mois très, très compliqués. »
Une fois cette phase d’adaptation passée, Zango s’est construit sur sa terre d’accueil, au club de l’Artois, où il est extrêmement populaire. S’il s’entraîne à l’Insep, le champion du monde du triple saut retourne parfois disputer les interclubs, comme ce dimanche ensoleillé de mai à Bruay-la-Buissière, où sa carrure d’athlète (1,80 m de muscles) déambule parmi les spectateurs et amateurs, signant les autographes et prenant des photos avec qui veut avec un grand sourire.
« Il est déjà venu avec ses médailles pour des journées portes ouvertes avec les petits », sourit la présidente du club Marion Wiesztort, soulignant son « humilité » et son « empathie ».
« C’est le club qui m’a donné ma chance de pouvoir venir, me qualifier pour les JO 2016 (…) qui m’a aidé avec différents papiers, à obtenir mon visa », justifie-t-il, éternellement redevable. Une attitude qui dit beaucoup de son caractère.
« Faire quelque chose de grand »
Mais le champion est toujours en quête de nouveaux objectifs, comme devenir champion olympique à Paris (26 juillet-11 août). « Nous serons prêts le jour des JO, affirme-t-il avec assurance. On est à 100% sûr d’aller jusqu’à cette médaille d’or. »
Zango rapporterait ainsi au Burkina Faso la première médaille d’or olympique de son histoire, et au continent africain son premier titre olympique dans cette discipline.
« Pour moi ça représente énormément de choses, explique-t-il. J’ai eu à cœur, depuis mes premiers pas dans l’athlétisme, de vouloir faire quelque chose de grand, donc aujourd’hui, je continue avec cette naïveté de toujours vouloir repousser mes limites. C’est placer l’Afrique et montrer à la jeune génération que c’est possible de pouvoir aller chercher des performances quel que soit le domaine.»
Zango vise aussi le record du monde du triple saut, l’un des plus difficiles à battre de l’athlétisme, établi par le Britannique Jonathan Edwards en 1995 avec 18,29 m.
Une fois sa carrière d’athlète terminée, il s’attellera à une autre tâche, immense, dans la continuité de ses études: importer son savoir dans son pays. Ses projets sont multiples, allant de la construction d’« un moteur qui pourrait être utilisé dans les mines » d’Afrique de l’Ouest au développement de l’électrification.
Des bonds de géant, des bonds de Zango.
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