Dernière ligne droite pour nombre d’athlètes qui espèrent encore atteindre les minima requis pour participer aux JO 2024 de Paris. À Madagascar, le judo et l’haltérophilie sont en bonne voie pour être représentées dans quatre mois. Une délégation modeste, composée de quelques athlètes seulement, en sera peut-être. Pour les sportifs de l’île, l’accès aux grandes compétitions internationales reste un défi. C’était l’objet d’une table ronde organisée par l’Institut français de Madagascar le 13 mars.
Publié le :
2 mn
Avec notre correspondante à Antananarivo, Pauline Le Troquier
En treize participations aux Jeux olympiques d’été, Madagascar n’a jamais décroché une médaille. Mais l’enjeu pour l’île est encore ailleurs : permettre au pays d’y être au moins représenté par quelques athlètes.
Trop de talents, contraints de choisir entre les études et le sport, sont détournés d’une carrière professionnelle avant même d’atteindre le niveau des compétitions internationales. Et puis, il y a ceux qui arrivent à percer le plafond de verre, comme Bako Ratsifandrihamanana. Cette championne d’Afrique de natation a participé aux Jeux de Moscou en 1980, sans jamais acquérir le statut de sportive de haut niveau, inexistant dans le pays.
« La natation ne m’a pas fait vivre, alors que je suis actuellement la nageuse la plus titrée à Madagascar. J’ai eu des bourses de la coopération française mais rien de la part de l’État malgache. Aujourd’hui, je suis obligée de cumuler des contrats par-ci par-là, au niveau de ma spécialité en tant que formatrice ([en entreprenariat) », explique-t-elle.
À lire aussiJudo: Laura Rasoanaivo, la petite reine malgache qui rêve de JO
Pas d’accompagnement de l’État pour la reconversion professionnelle de ses sportifs, et pas plus pendant la carrière, ajoute Éric Saïd. Pour cet ancien athlète de haut niveau et actuel président de la Fédération malagasy de judo, pousser les sportifs malgaches vers les compétitions internationales est une démarche coûteuse et semée d’incertitudes :
« À partir du moment où les compétitions s’organisent dans d’autres pays, le problème de tous les athlètes malgaches, c’est surtout par rapport aux frais de déplacement. Ils se posent toujours la question ”Est-ce que moi, je vais pouvoir défendre mon titre ? Est-ce que moi je vais pouvoir partir ?” Le billet est pris deux jours avant, voire même la veille du départ, faute de budget ! »
Madagascar peut-elle devenir une nation de sport sur le long terme ? Oui, répondent les professionnels, à condition qu’un statut dédié afin de mieux protéger les athlètes des aléas d’une telle carrière – qu’il s’agisse d’éventuelles blessures ou de leur inévitable reconversion professionnelle – soit enfin mis en place dans le pays.
À lire aussiL’haltérophile malgache Rosina Randafiarison, une championne à l’ambition dévorante
Source du contenu: www.rfi.fr