Après la compétition terminée à la deuxième place, retrouvez les moyennes des notes, et les appréciations de nos spécialistes rugby.
Cinq matches et 33 Bleus utilisés, un record sur le Tournoi depuis le début du mandat de Fabien Galthié. Seuls trois joueurs ont disputé l’intégralité des 400 minutes, Thomas Ramos, Gaël Fickou et Damian Penaud. L’avant le plus utilisé a été François Cros (374 minutes), pas loin d’être également le Bleu le plus régulier. Carnet de notes.
LES AVANTS
Baille 5 (5 fois noté) : Le pilier gauche des Bleus a disputé l’ensemble des matches du Tournoi. Solide en mêlée et précieux dans le combat, il a en revanche fait preuve de moins de rayonnement dans le jeu, ce qui était auparavant sa grande force. Gros match à Cardiff.
Wardi (non noté) : Entré comme remplaçant lors de la déroute face aux Irlandais, le gaucher du Stade Rochelais a été victime d’une fracture du poignet et son Tournoi s’est arrêté là.
S. Taofifenua (non noté) : Rappelé en équipe de France pour la première fois depuis 2018, le pilier du LOU a enchaîné les matches en l’absence de Wardi. Solide en conquête, plus discret dans le jeu.
Mauvaka 4 (3) : Titulaire lors des trois premiers matches du Tournoi, le talonneur toulousain n’a pas eu l’abattage et l’explosivité qu’il avait eus lors de la dernière Coupe du monde. A retrouvé son rôle de doublure de Julien Marchand lors des deux derniers matches. Très grosse entrée en jeu face aux Anglais.
Marchand 6,5 (2) : L’habituel numéro 2 des Bleus s’était blessé lors de la dernière Coupe du monde et il a eu besoin de temps pour revenir à son meilleur niveau. Remplaçant lors des trois premiers matchs, il s’est mis en lumière pour son retour comme titulaire, face aux Gallois et aux Anglais. Toujours aussi dur au mal et rugueux dans les zones de combat.
Atonio 5 (5) : Le droitier du Stade Rochelais n’a pas d’équivalent en équipe de France, dont il est l’un des cadres. Considéré comme l’un des meilleurs mondiaux à son poste. Sorti de sa retraite internationale, il a encore fait d’énormes dégâts en mêlée fermée. Utile en percussion pour fixer les défenses adverses. En dedans en Écosse, il a en revanche été monstrueux face au pays de Galles. Il aura 34 ans fin mars et son avenir international est incertain. Mais il va être difficile à remplacer.
Aldegheri (non noté) : Le pilier droit du Stade Toulousain a profité de l’absence de Sipili Falatea (touché au genou) pour être remplaçant lors des trois premiers matches, ceux où la France a le plus souffert. Solide sur les fondamentaux mais plutôt discret.
Colombe (non noté) : Lancé dans le grand bain international, le droitier rochelais a été l’une des belles révélations de ce Tournoi. Puissant et solide, le joueur formé au Racing 92 s’est mis en évidence lors de ses rentrées lors des deux derniers matches, marquant même – en force – son premier essai en bleu face au XV du Poireau. Prometteur ?
Gabrillagues 5 (2) : Rappelé en équipe de France pour la première fois depuis le quart de finale perdu à la Coupe du monde 2019, le deuxième-ligne emblématique du Stade Français Paris a livré deux matches pleins, dans des conditions difficiles face aux Irlandais et aux Écossais. Solide guerrier, gros travailleur de l’ombre. A ensuite disparu du groupe avec les arrivées de Tuilagi et Maefou.
Tuilagi 5,5 (1) : Le phénomène de Perpignan a signé des débuts plus que prometteurs en bleu. Remplaçant lors des deux premiers matches, il a honoré sa première titularisation face à l’Italie dans un match compliqué, il a quand même réussi à faire parler sa puissance. À revoir très vite.
R. Taofifenua (non noté) : Absent lors des premières journées de cette édition, le solide deuxième-ligne du LOU a ensuite retrouvé sa place attitrée de «finisseur», apportant toute sa densité, notamment contre les Gallois à Cardiff. Également sorti de sa retraite internationale, il est l’un des papas de ce groupe tricolore.
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Woki 4 (2) : Le joueur du Racing 92 traverse une passe compliquée. Déjà en difficulté avant la Coupe du monde, il peine à retrouver son meilleur niveau. Deux sorties plutôt décevantes face à l’Écosse et l’Italie, avant de disparaître de la circulation et de rétrograder dans la hiérarchie des deuxièmes lignes. Grand perdant de ce Tournoi.
Roumat (non noté) : Enfin lancé en équipe de France, le polyvalent deuxième ou troisième ligne a marqué des points à chacune de ses quatre entrées (il a juste manqué l’Irlande). Précieux dans les airs, dynamique, il offre au staff plusieurs solutions en sortie de banc. Précieux.
Willemse 2 (1) : Son carton rouge contre l’Irlande a brisé d’entrée son élan, lui qui retrouvait une place en bleu. Deuxième joueur français à écoper de deux cartons rouges en équipe de France, après Mohamed Haouas. L’arrivée d’autres deuxièmes lignes droits de fort tonnage (Meafou, Tuilagi) pourrait très fortement contrarier son avenir avec le XV de France.
Flament 7 (2) : Son retour remarqué, lors des deux derniers matches de cette édition, a montré à quel point il est devenu incontournable. Joueur complet, aérien, combatif, le Toulousain a apporté à chacune de ses rentrées. Présent dans le combat et dans le jeu, un des cadres de cette équipe de France.
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Maefou 7,5 (2) : Pour ses débuts tant attendus en équipe de France, le deuxième-ligne d’origine australienne a impressionné par son incroyable puissance physique. Dur au mal, le Toulousain forme avec Atonio un axe droit redoutable en mêlée. Pas du tout impressionné pour ses débuts internationaux. Et ses coéquipiers et entraîneurs le répètent : sa marge de progression est énorme.
Cros 6 (5) : Le flanker du Stade Toulousain est d’une incroyable régularité sous le maillot bleu. Véritable sécateur en défense, poison au déblayage (meilleur total du Tournoi), il a également participé au jeu, notamment lors du dernier match contre l’Angleterre. Titulaire en numéro 8 contre l’Italie, il s’est démené mais a été plutôt discret balle en main. Un redoutable guerrier, qui a fait oublier l’absence sur blessure d’Anthony Jelonch.
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Ollivon 6 (5) : L’électron libre de la troisième ligne tricolore. Évidemment présent en défense et dans le combat, le flanker du RC Toulon est toujours aussi actif sur le front de l’attaque, judicieux dans ses soutiens et efficace dans ses courses. Meilleur marqueur d’essais pour un avant de l’histoire du XV de France, il en a encore inscrit un, contre la Nazionale. L’ancien capitaine des Bleus reste une valeur (très) sûre de cette équipe.
Abadie (non noté) : Brillant avec le RC Toulon, le flanker a été convoqué pour la première fois à Marcoussis et a fait ses débuts internationaux face à l’Italie, en sortie de banc. Apprécié par le staff, il évolue à un poste où la concurrence est sûrement la plus rude en équipe de France.
Alldritt 6,5 (4) : Nommé capitaine des Bleus en l’absence d’Antoine Dupont, le numéro 8 rochelais est l’un des hommes (très) fort du pack tricolore. Pénible à l’impact, il met constamment son équipe dans l’avancée. Blessé contre l’Écosse, il a manqué le match à Cardiff. Ciblé par les Anglais, il n’a pas son rayonnement habituel lors du dernier match. Il reste un des leaders par l’exemple de ce groupe. Assurément, l’un des meilleurs troisièmes lignes centre du circuit mondial. Depuis quelques années déjà.
LES TROIS-QUARTS
Lucu 3,5 (3 fois noté) : Le costume de Dupont était trop grand pour sa doublure attitrée. Catastrophique d’entrée face aux Irlandais, le demi de mêlée de l’UBB, plus gestionnaire que créateur, n’est jamais parvenu à se lâcher. Les entrées en jeu depuis en plus précoces et remarquées de son jeune rival Nolann Le Garrec ont fini par imposer l’évidence. Maxime Lucu a alors retrouvé son rôle de finisseur pour deux entrées convaincantes face aux Gallois (un essai inscrit) et l’Angleterre. Moins exposé aux critiques (qu’il reconnaît avoir mal vécues), délesté de la pression du titulaire, le demi de mêlée chauve a retrouvé ce qui fait sa force : calmer le jeu plutôt que l’emballer.
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Le Garrec 7,5 (2) : Il était attendu avec impatience. Et le gamin de 21 ans n’a pas déçu. Audacieux (son improbable chistera contre les Gallois…) et vif, triant à bon escient les ballons (insister avec ses avants ou lancer la cavalerie), doté d’un jeu au pied long et précis pour repousser la pression, le n°9 du Racing 92 est parvenu à masquer la Dupont-dépendance du XV de France. Et ce n’est pas une mince performance. Une présence permanente au plus près du ballon qui lui a permis d’inscrire deux essais en deux titularisations, le second, face à l’Angleterre, faisant immanquablement penser à un certain ministre de l’Intérieur…
Jalibert 4 (3) : Quel gâchis. Si son talent est indéniable, sa difficulté à le mettre au service du collectif désespère. L’ouvreur décisif de l’UBB perd ses moyens sous le maillot bleu. En manque de confiance (le staff croit-il vraiment en lui ?), Matthieu Jalibert tente des coups dispensables et en fait avorter de plus pertinents. Comme s’il ne savait pas où situer le curseur entre envie de montrer ce qu’il vaut et crainte de surjouer. Il n’est pas parvenu à se libérer jusqu’à sa blessure au genou, peu avant la pause, lors du match complètement raté contre l’Italie.
Ramos 5,7 (5) : Un début de Tournoi à l’arrière, son poste de prédilection, où il a parfois été dominé dans les airs et hésitant dans la relance. Mais quelques coups d’éclat compensent ces hésitations. Et son jeu au pied courant soulage régulièrement ses partenaires. Indispensable face aux poteaux avec quasiment 90% de réussite et 63 points inscrits. Le meilleur réalisateur de ce Tournoi (comme l’année dernière, avec 84 points inscrits cependant) a été décisif contre l’Angleterre.
Fickou 5,7 (5) : Critique en début de Tournoi – lui-même n’était pas satisfait de sa prestation contre l’Irlande -, le doyen (en nombre de sélections) des Bleus est monté en puissance au fil des matchs. Retrouvant sa grosse présence défensive, initiant quelques longs raids tout en puissance et en rage. Une pluriactivité récompensée par trois essais personnels, meilleur total tricolore de ce Tournoi.
Danty 2,7 (3) : Le puissant centre rochelais n’a été que l’ombre de lui-même. Usé physiquement, miné moralement, Jonathan Danty a erré pendant deux rencontres et demie. Avant de commettre l’irréparable peu avant la mi-temps contre l’Italie. Un engagement excessif synonyme de carton rouge. Laissant les Bleus se dépatouiller dans le piège italien. Le signe d’un joueur en difficulté, conscient de son manque d’apport et cherchant à le compenser sans maîtrise. À 33 ans, le reverra-t-on sous le maillot bleu ?
Depoortère 4 (2) : Le capitaine des champions du monde U20 était attendu avec impatience, annoncé comme le chaînon manquant d’une attaque en berne. Ses courses tranchantes, qui font le bonheur de l’UBB, et sa densité en défense devaient revigorer les Bleus. Las ! Le centre de 21 ans ne s’est jamais montré déterminant balle en mains. Et a commis deux erreurs défensives, contre le pays de Galles puis l’Angleterre, qui ont coûté deux essais aux Bleus. À revoir dans un contexte avec moins de pression pour qu’il puisse enfin prendre ses marques.
Moefana 4 (2) : Il est le couteau suisse de l’attaque tricolore. Une fois à l’aile, une fois au centre (son poste à l’UBB). Mais Yoram Moefana, dans la rotation depuis maintenant quatre ans, tarde à apporter sa présence dans le jeu au sol, sa solidité aux plaquages et ses qualités de percussion. Jamais de grosses bévues, mais jamais de coups d’éclat non plus. Gailleton et Barassi pourraient rapidement remettre en question sa présence principalement justifiée par le «devoir de mémoire» cher à Fabien Galthié.
Penaud 4,5 (5) : Difficile de cerner l’apport de l’ailier de l’UBB. Il bat des défenseurs par paquet, mais avec des courses qui n’aident pas toujours le collectif à aller de l’avant. Beaucoup de travers, s’embarquant dans des slaloms qui lui valent surtout une belle note artistique. Damian Penaud a beaucoup tenté sur son aile également. Mais sans la réussite qui lui permettait d’empiler les essais. Il en a inscrit un seul lors de ce Tournoi (lors de la déroute irlandaise), mais a adressé une poignée de passes décisives. Reste bloqué à deux unités du record d’essais de Serge Blanco (36 contre 38). Mais la réussite reviendra vite.
Bielle-Biarrey 5,7 (3) : Le jeune ailier de l’UBB, révélation de la Coupe du monde, a été le sauveur des Bleus en Écosse en inscrivant l’essai de la victoire. Quelques raids à pleine vitesse sur son aile. En difficulté en revanche contre l’Angleterre, la faute à un placement défensif sujet à caution. Une fois reposé, il retrouvera tout son allant.
Lebel 5,5 (1) : Le Toulousain n’a disputé qu’un match, contre l’Italie. D’abord à l’aile puis à l’arrière quand l’expulsion de Danty obligea Galthié à réorganiser sa ligne d’attaque. Dans une prestation d’ensemble ratée, Matthis Lebel s’est plusieurs fois employé à remettre son équipe dans le sens de la marche avant avec ses relances. Il est la doublure de Bielle-BIarrey dans l’esprit du staff mais mériterait d’avoir vraiment sa chance.
Barré 6,25 (2) : Un autre gamin lancé à Cardiff. Où il a affiché sa maîtrise sous les ballons hauts. Quelques relances face aux Gallois mais un peu trop timides. L’arrière du Stade Français Paris s’est plus lâché contre le XV de la Rose. Des relais tranchants, une passe au contact décisive pour Le Garrec, un essai personnel. Une copie aboutie. Reste à savoir s’il peut prétendre à un statut de titulaire. Quand Romain Ntamack sera de retour, Thomas Ramos retrouvera son numéro 15. Et Léo Barré risque bien d’être de nouveau prié de patienter en dehors des 23 inscrits sur la feuille de match. Mais il a démontré qu’il était plus qu’un recours.
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