Les « sas régionaux d’accueil », une mise à l’abri temporaire pour les migrants, loin de Paris et des Jeux olympiques

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Quatre assiettes en équilibre sur un plateau, Fatimata M. décrit avec un grand sourire son arrivée dans l’ancien hôtel Formule 1 de Beaucouzé (Maine-et-Loire), près d’Angers, avec son mari et ses trois enfants. « Ils [les travailleurs sociaux] nous ont aidés pour les courses, donné des vêtements, des jouets pour les enfants, des couches pour le bébé », raconte l’Algérienne de 31 ans, en France depuis six ans et qui espère une régularisation. Après vingt jours à dormir dans la rue à Paris, elle a accepté de monter dans un bus vers ce « sas régional d’accueil » pour les migrants franciliens, mardi 6 février.

Selvakumar D., qui a fini d’avaler le riz et le poulet offerts ce soir par une association, dit avoir déjà « quelques problèmes en moins » depuis son arrivée. Le Sri-Lankais de 30 ans, demandeur d’asile, montre la plante de ses pieds, gelés et douloureux à son arrivée, après plusieurs nuits dans un campement sous le pont Charles-de-Gaulle à Paris.

Pour Fatimata et Selvakumar, le sas a tenu sa première promesse. Depuis avril 2023, ces centres ont été mis en place par l’Etat dans dix régions pour désengorger l’hébergement d’urgence en Ile-de-France. Ils ont déjà accueilli « 3 600 personnes qui vivaient en situation de rue, dans des campements urbains ou en squat », déclare-t-on à la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement. « Avant tout, un sas permet de mettre à l’abri des personnes vulnérables, et de leur offrir un accompagnement administratif, mais aussi médical, social et psychologique », avance Pierre Joseph, de l’association France terre d’asile, qui en assure la gestion.

Dans les couloirs du « sas d’accueil temporaire » de Beaucouzé (Maine-et-Loire), le 7 février 2024. A droite, Selvakumar D., 30 ans, originaire du Sri Lanka.

Ces sas représentent souvent, faute d’infrastructures suffisantes en dehors des accueils d’urgence, « la première offre d’hébergement qui leur est faite » explique Paul Alauzy, coordinateur à Médecins du monde. Pour autant, le système « se limite surtout à cacher la misère en région avant les Jeux olympiques », estime celui qui est aussi porte-parole du collectif Le revers de la médaille.

« Nettoyage social »

En octobre 2023, ce collectif, qui réunit 70 associations, dont Emmaüs et Utopia 56, alertait dans une lettre ouverte sur « l’impact très négatif » des Jeux sur les personnes en situation d’exclusion. Il dit craindre un « nettoyage social » de Paris. La défenseure des droits, Claire Hédon, a annoncé en janvier s’être « autosaisie » de ces accusations, récurrentes depuis le printemps 2023, et enquêter notamment sur la question de « l’invisibilisation des indésirables ».

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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