Mondiaux de tennis de table : une médaille d’argent et des promesses pour la France

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La marche était trop haute, mais elle ne doit pas effacer le chemin parcouru pour y arriver. Opposée à l’imprenable Chine, l’équipe de France masculine de tennis de table n’est pas parvenue à faire mentir les pronostics, dimanche 25 février, en finale des championnats du monde. Les Bleus sont tombés sur meilleurs qu’eux et se sont sèchement inclinés (0-3), dans l’enceinte du Centre d’expositions et de congrès de Pusan. S’ils repartiront de Corée du Sud lestés de quelques regrets – notamment Alexis Lebrun, de n’avoir su concrétiser une balle de match face au numéro un mondial –, les Français remportent surtout dans leurs bagages une médaille d’argent mondiale de bon augure, à cinq mois du début des Jeux olympiques de Paris (du 26 juillet au 11 août).

« Bien sûr qu’on est outsiders, et de loin, ils ont les cinq meilleurs joueurs du monde, observait avant la rencontre Félix Lebrun, le jeune prodige du tennis de table tricolore. Mais, sur une journée, on ne sait jamais. En tout cas, on va tout donner, on y croit à 100 %. » Couronnés pour la onzième fois d’affilée aux Mondiaux par équipe, les Chinois n’ont pas offert le flanc aux assauts français. Et, sur le podium, les grands sourires de l’escouade bleue ont rapidement chassé les gestes de frustration vus pendant la finale. Car, à la différence de leurs adversaires du soir, les Français ne sont guère familiers des podiums mondiaux : cette médaille d’argent égale la meilleure performance tricolore dans la compétition, vingt-sept ans après les « Mousquetaires » menés par Jean-Philippe Gatien – et soixante-seize ans après 1948.

« Toutes les émotions se mélangent. Je suis triste, heureux, déçu, très content aussi, a exprimé Alexis Lebrun après la rencontre, dans une vidéo mise en ligne par la Fédération française de tennis de table. C’est difficile, mais c’est un moment incroyable à vivre. » L’aîné des « frères Lebrun », nouvelle fratrie qui compte dans le sport tricolore, a un temps entretenu le rêve de desceller l’imprenable muraille chinoise, menée dimanche par les trois premiers joueurs du classement mondial – le premier non-ressortissant de l’empire du Milieu étant son frère, Félix Lebrun, 6joueur mondial. Opposé au numéro un mondial, Fan Zhendong, il a obtenu une balle de match, ayant au bout de la raquette l’opportunité de remettre les deux équipes à égalité (1-1), après la sèche défaite inaugurale de son cadet. Sans succès.

« Pour gagner ce genre de matches, il me manque peut-être encore un peu de précision dans les moments importants », a analysé Alexis Lebrun. D’autant plus lorsque l’adversaire est le champion du monde (en simple) en titre, et n’a pas perdu le moindre set dans ses deux matchs de la très disputée demi-finale contre la Corée du Sud (victoire 3-2, samedi).

« On réalise ce qu’on a fait »

Fan Zhendong a fini par faire plier son adversaire, dimanche (3-2 [9-11, 11-4, 8-11, 12-10, 11-7]), mais le 21e joueur mondial, âgé de 20 ans, l’a regardé dans les yeux, incarnant à merveille le mot d’ordre, la veille, de son petit frère. « On va tout donner pour essayer de créer l’exploit, tout d’abord en gagnant point par point, set par set, et si après on arrive à gagner un match, essayer d’en chercher un autre », assurait Félix Lebrun, samedi, au sortir de la demi-finale remportée par les Bleus face à Taïwan.

A la différence de son frère, le nouveau phénomène du tennis de table français n’est pas parvenu à rivaliser avec son adversaire. Opposé au numéro deux mondial, Wang Chuqin, en ouverture de la finale, il a été balayé sans ménagement (3-0 [11-4, 11-8, 11-3]), incapable de mettre les Bleus sur orbite comme il l’entendait. Frustré sur le moment, Félix Lebrun a ensuite reconnu avoir été surclassé. « Il est exceptionnel, il a joué à un niveau que je n’ai pas réussi à atteindre dans ce match. C’était très dur pour moi de me sentir autant dominé, a admis le Français. J’aurais aimé apporter mon point à l’équipe, mais cette fois c’était pour lui, et pas pour moi. »

Décomplexé, en dépit des deux défaites de ses partenaires, Simon Gauzy a attaqué crânement sa manche de la finale, face à la légende Ma Long, double champion olympique en simple (à Rio, en 2016, et à Tokyo, en 2021). S’il a concédé le premier set, ce dernier a fini par s’imposer (3-1 [7-11, 11-2, 11-4, 11-6]), offrant à la Chine son onzième sacre mondial par équipes d’affilée. Au XXIe siècle, seule la Suède, en février 2000, est parvenue à empêcher l’empire du Milieu de soulever le trophée mondial. « Le premier sentiment est de la déception, mais, rapidement, on réalise ce qu’on a fait, a soufflé Simon Gauzy. Quand j’ai vu sur l’écran dans la salle France contre Chine en finale masculine, j’ai réalisé que c’était quelque chose d’incroyable. Je regardais ça depuis tout petit à la télé, et là j’y étais. »

Un jour après la médaille de bronze de leurs homologues féminines – elles aussi battues par la Chine, finalement sacrée –, les Bleus repartent de Pusan avec une médaille historique, des souvenirs et les leçons d’une première finale mondiale. « On sort hyper grandis de cette expérience, c’est extraordinaire pour nous », a savouré le capitaine Nathanaël Molin, dans L’Equipe. A quelques mois des JO, qu’ils disputeront à domicile, le tennis de table tricolore se porte bien. Et entendra bien viser plus haut, encore, à Paris 2024.

Source du contenu: www.lemonde.fr

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