Si tout se passe bien, les voyageurs n’y verront que du feu. Lundi 26 février, après deux semaines d’arrêt complet, la circulation reprendra sur la ligne 14, exactement comme avant, entre les stations Saint-Ouen, au nord de Paris, et Olympiades, dans le sud. Mais, en réalité, tout aura changé. Le logiciel de pilotage automatique de la ligne, mis en service en 1998 par Siemens, aura été remplacé par un outil de nouvelle génération. « Le système actuel était encore très performant, mais insuffisant compte tenu du prolongement de la ligne, qui fonctionnera avec trois fois plus de matériel roulant qu’à son lancement », explique Stéphane Garreau, responsable pour la RATP de ce vaste chantier qui doit être livré avant les Jeux olympiques et paralympiques de 2024.
La 14 va être doublement prolongée : de 1,5 kilomètre au nord, jusqu’à la nouvelle station Saint-Denis-Pleyel, et de 14 kilomètres au sud, jusqu’à l’aéroport d’Orly, avec sept nouvelles stations. « Ligne de vie des JO », selon Clément Beaune, l’ancien ministre délégué aux transports, elle reliera le village des athlètes à trois gares parisiennes (Bercy, gare de Lyon et Saint-Lazare), à l’aéroport d’Orly, et doublera les RER B et D pour rejoindre le Stade de France et le nouveau centre aquatique, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). L’enjeu est de taille : la finalisation technique de la ligne est une étape critique pour savoir si les Jeux de Paris seront une réussite ou non en matière de transport.
L’ancien système de pilotage automatique permettait de faire rouler 35 trains en même temps, avec un intervalle serré : 105 secondes entre deux rames en heure de pointe. Le nouveau, avec une capacité de calcul beaucoup plus puissante, pourra en gérer 65 et, à plein régime, réduire l’intervalle à 80 secondes. Cependant, plusieurs étapes doivent encore être franchies avant l’ultimatum des JO.
« Un sujet éminemment politique »
« Livrer la 14, c’est une opération à tiroirs », reconnaît Stéphane Garreau. Il faut encore procéder à une dernière salve d’essais et finaliser le raccordement du tronçon sud au système de pilotage. Pour cela, le trafic sera à nouveau interrompu pendant les week-ends de mars, ainsi qu’une semaine, du 7 au 14 avril, et encore une autre, en juin. La date n’est pas encore arrêtée. Autant de jours et de soirées de galère pour les voyageurs.
S’ajoute à cela un dernier « tiroir » : la livraison de la gare Saint-Denis-Pleyel, un chantier mené par la Société des grands projets (SGP, ex-Société du Grand Paris). « Le passage de la commission de sécurité est prévu le 25 avril », souligne Bernard Cathelain, membre du directoire de la SGP. C’est la dernière étape avant la livraison : la gare est hors d’air, hors d’eau, les ascenseurs et les escalators, les systèmes de désenfumage et d’annonce fonctionnent. Néanmoins, pour l’instant, personne ne s’avance sur la date d’inauguration, en juin – « un sujet éminemment politique », explique la RATP. Et pour cause : le président de la République souhaiterait être présent.
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