Pour les Jeux olympiques de Paris 2024, le souffle un peu court de la rénovation du patrimoine sportif

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A la pointe sud de L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), la Grande Nef de l’Ile-des-Vannes a des airs de baleine échouée sur la grève : deux grandes arches de béton qui s’élèvent en s’écartant l’une de l’autre ; une couverture souple, doublement incurvée, pour les relier entre elles ; des façades blanches aux reflets bleutés, bombées, rythmées par des poteaux qui font comme des fanons… Et, à l’intérieur, un grand vide cintré par des tribunes et une scène en alcôve, saturé dans la journée d’une merveilleuse lumière lactée.

Abandonné aux amateurs d’« urbex » (pour « exploration urbaine » de lieux inoccupés) depuis 2018, lorsqu’une série d’inondations a conduit à sa fermeture, cette architecture onirique et pop, pur produit des années 1970, qui fut inscrite en 2007 à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, retrouve aujourd’hui de sa superbe à la faveur des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024. Une réhabilitation a été engagée, qui doit la conduire à accueillir les entraînements de gymnastique rythmique.

Le bâtiment est l’œuvre de Pierre Chazanoff et Anatole Kopp (pour l’architecture), ainsi que de René Sarger (pour l’ingénierie). Maîtresse d’ouvrage de l’opération, la ville de Saint-Ouen avait acheté le terrain, 6 hectares joliment arborés, entièrement bordés par la Seine, à l’entreprise de chocolat Menier, en 1955, pour y construire un complexe sportif. Inaugurée seize ans plus tard, la Grande Nef, vaisseau amiral du site, devint le théâtre de manifestations sportives d’envergure, de grands meetings du Parti communiste et de concerts mémorables des Pink Floyd, de Led Zeppelin, de Queen ou encore de Bruce Springsteen. Jusqu’à ce que l’arrivée d’une nouvelle génération de salles type Zénith ou Bercy, au début des années 1980, impose de nouveaux standards.

Un « héritage » légué aux villes

La restauration a été confiée à l’agence de François Chatillon, à qui l’on doit de splendides réhabilitations, comme celle des Halles du Boulingrin, à Reims (Marne), en 2012, ou des Bains municipaux de Strasbourg en 2021. Pour répondre au cahier des charges très strict de ces Jeux de Paris 2024, aux exigences imposées en matière de performance énergétique et d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, il a fallu enlever des marches, remplacer la tôle ondulée des façades par du polycarbonate, redoubler la couverture d’une membrane synthétique, remettre aux normes les vestiaires (situés dans un bâtiment annexe qui prolonge la Grande Nef), passer à l’éclairage LED… Pour des questions d’usage, le parquet en bois a été remplacé par du synthétique. Mais la structure, la couverture, les luminaires ont été restaurés. Et l’esprit des lieux, on le sent sur le chantier, est intact.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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