Après 462 jours d’hiatus, Luis Enrique a renoué, le 21 mars, avec une vieille habitude héritée du Mondial au Qatar et de son mandat à la tête de la sélection espagnole : un direct sur la plate-forme de streaming Twitch. L’occasion d’annoncer la création d’une fondation du nom de sa fille, Xana, morte d’un cancer à 9 ans, en 2019. D’échanger « de manière spontanée, sans filtre et directe », aussi, avec les internautes, pour la première fois depuis sa prise de fonction sur le banc du Paris Saint-Germain (PSG), à l’été 2023.
Parmi les sujets évoqués, il fut évidemment question de la Ligue des champions. Mercredi 10 avril, à 21 heures, le PSG accueille le FC Barcelone, au Parc des Princes, pour le premier acte de leur double confrontation, avec à la clé une place en demi-finale de la compétition. « Ça va être difficile », prédit l’Asturien, et « pas uniquement parce que le Barça est le Barça », quintuple vainqueur de la « coupe aux grandes oreilles ».
Ce n’est pas la « meilleure saison » des Catalans, Luis Enrique le sait. Mais, ils n’en restent pas moins « très dangereux ». Un coup d’œil à leur effectif suffit à s’en convaincre. Le gardien Marc-André ter Stegen, les défenseurs Ronald Araujo, Pau Cubarsi, Jules Koundé, les milieux Frenkie de Jong, Ilkay Gundogan, les attaquants Lamine Yamal et Robert Lewandowski… Combien d’entre eux pourraient aisément prétendre à une place de titulaire dans le groupe parisien ? « Au moins sept », à en croire le technicien. « Sept, ça veut dire une équipe d’un très grand niveau. »
Dire que Luis Enrique connaît bien son adversaire du soir est un euphémisme. « Culer » – supporteur – du Barça « depuis vingt-cinq ans », l’ancien milieu de terrain en a porté le maillot de 1996 à 2004, avant d’en devenir le coach dix ans plus tard. Il est d’ailleurs le dernier entraîneur en date à avoir soulevé le trophée de la Ligue des champions avec les Catalans, en 2015. C’est lui, aussi, qui était à la manœuvre le 8 mars 2017, pour un Barcelone-PSG passé à la postérité, celui de la « remontada ». Alors même qu’ils semblaient avoir un pied en quarts, forts de leur succès 4-0 à l’aller, les Parisiens s’étaient effondrés au retour sur la pelouse du Nou Camp. Score final 6-1, synonyme d’élimination des Parisiens.
Cinq matchs sans encaisser de but en Liga
Face à lui, mercredi, l’Asturien va retrouver une vieille connaissance : Xavi, qui fut son coéquipier entre 1998 et 2004, puis son capitaine en 2014-2015. L’ultime match de l’ancien milieu de terrain en tant que joueur avec les Blaugranas fut justement la finale victorieuse face à la Juventus Turin, le 6 juin 2015, à l’Olympiastadion de Berlin.
Arrivé sur le banc de son club formateur à l’automne 2021, dans ce qui était la pire période de son histoire récente, Xavi a déjà remporté le titre de champion d’Espagne, en 2023, mettant ainsi fin à quatre années de disette en Liga. Mais la première partie de l’exercice 2023-2024 a été plus compliquée pour le Barça, éliminé en quarts de finale de la Coupe du roi, humilié par le Real Madrid en finale de la Supercoupe, distancé en Liga par son grand rival… Au point de laisser craindre une saison blanche.
Le 27 janvier, après une déroute à domicile face à Villarreal (3-5), Xavi annonçait son départ au 30 juin. Depuis ? Ses hommes n’ont plus perdu une rencontre, toutes compétitions confondues. Mieux, ils n’ont encaissé aucun but lors de leurs cinq derniers matchs de championnat.
Les Catalans ont aussi pu se projeter pleinement sur le quart de finale face au PSG, bénéficiant de dix jours de pause en raison de la finale de la Coupe du roi. De quoi leur donner un avantage face à leurs adversaires du soir, qui, eux, ont enchaîné la demi-finale de la Coupe de France – victorieuse 1-0 face à Rennes –, le 3 avril, puis la 28ᵉ journée de Ligue 1 contre Clermont, trois jours plus tard –, même si Luis Enrique a fait tourner son groupe – « On est prêts pour n’importe quel match, surtout pour la Ligue des champions », a balayé le coach, samedi, après le nul (1-1) contre la lanterne rouge du championnat.
« Chaque année, cette période est un tournant »
A défaut de la fraîcheur, c’est peut-être la discipline qui pourrait faire basculer le rapport de force. Sept joueurs barcelonais, dont plusieurs cadres, pourraient manquer le match retour – prévu le 16 avril, au stade olympique Lluis-Companys – en cas de nouveau carton jaune : Ronald Araujo, Andreas Christensen, Lamine Yamal, Sergi Roberto, Frenkie de Jong, Joao Felix et Ferran Torres. Ils sont quatre dans les rangs du club de la capitale à risquer pareille sanction – Lucas Hernandez, Milan Skriniar, Manuel Ugarte et Ousmane Dembélé (Achraf Hakimi étant, lui, suspendu ce mercredi).
Ces trente dernières années, le PSG et le Barça ont disputé douze rencontres en Ligue des champions, avec, à l’arrivée, quatre succès pour le premier, quatre pour le second et autant de matchs nuls. Leur dernière double confrontation, lors des huitièmes de finale de l’édition 2020-2021, avait tourné à l’avantage des Franciliens.
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« Chaque année, cette période est un tournant. A la fin du mois d’avril, on aura une indication sur le type de saison qu’on est susceptibles de faire. Mais, vu la dynamique qu’on a actuellement, je suis sûr qu’on va tout donner. Après, le résultat, c’est dans les mains de Dieu ! », faisait valoir Kylian Mbappé dans l’émission « Téléfoot », sur TF1, dimanche.
Invaincu depuis le 27 novembre 2023, Paris est encore en lice pour un hypothétique triplé. S’il élimine le FC Barcelone, il retrouvera le Borussia Dortmund ou l’Atlético de Madrid en demi-finale, des adversaires théoriquement à sa portée. De quoi motiver son numéro 7, bien décidé à marquer un peu plus l’histoire du club avant de le quitter cet été. Xavi et les Blaugranas sont prévenus, eux qui auront sans doute à cœur de marquer le coup face à Mbappé, que tout le monde annonce chez le rival madrilène la saison prochaine.
Source du contenu: www.lemonde.fr