DECRYPTAGE – Tous les enjeux de la saison sur ocre, lancée ce lundi 8 avril avec le tournoi de Monte-Carlo et qui se terminera le 9 juin prochain avec la finale hommes de Roland-Garros.
Glissades, raquettes qui claquent contre les baskets et longs rallyes. La saison de tennis sur terre battue est lancée, au lendemain du Masters 1000 de Miami venu clore le premier chapitre sur dur. Avec le printemps vient la traditionnelle moisson de tournois sur ocre : Monte-Carlo, Barcelone, Madrid, Rome, et bien sûr Roland-Garros (26 mai-9 juin), deuxième Grand Chelem de la saison.
Rafael Nadal peut-il espérer des résultats sur sa surface fétiche ? Novak Djokovic va-t-il redresser la barre après son début de saison en dessous de ses standards ? Quelle concurrence pour Iga Swiatek ? Le Figaro décrypte les enjeux de la saison 2024 de terre battue. Début des hostilités dès cette semaine avec l’ATP 250 d’Estoril, avant Monte-Carlo ce lundi 8 avril.
Qu’attendre de Nadal pour son retour ?
Pendant que les meilleurs joueurs du circuit s’écharpaient aux Etats-Unis, d’abord à Indian Wells puis à Miami, Rafael Nadal a commencé sa préparation sur terre battue, en catimini. Nul doute que le Majorquin a depuis longtemps coché les dates des tournois sur ocre. C’est là, sur cette surface fétiche où il a tant gagné – 14 titres à Roland-Garros, 12 à Barcelone, 11 à Monte-Carlo, 8 à Rome, 4 à Madrid – que l’ancien N.1 mondial espère revivre les frissons d’antan.
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Reste que Nadal, 37 ans, n’a plus joué depuis sa première tentative de retour début janvier, au tournoi de Brisbane. Le protégé de Carlos Moya avait certes affiché un niveau de jeu impressionnant après une absence de près d’un an, mais il avait péché physiquement lors de sa défaite en quarts de finale contre Jordan Thompson. Attendu à Monte-Carlo (8-14 avril), «Rafa» pourra-t-il tenir la distance jusqu’à Roland-Garros, son royaume ? Et même jusqu’aux Jeux olympiques (26 juillet-11 août), disputés Porte d’Auteuil, dont il a fait un objectif prioritaire ? Passer quelques tours et ravir les foules, pourquoi pas. Remporter des titres… Si rien n’est impossible avec Rafael Nadal, de nombreuses inconnues entourent ce retour.
Quel niveau pour Djokovic après un début de saison difficile ?
Une élimination en demi-finale de l’Open d’Australie, dont il était pourtant tenant du titre. Une sortie prématurée dès les 16es à Indian Wells. Un forfait de dernière minute à Miami. Le début d’année 2024 de Novak Djokovic est loin de ses standards, particulièrement sur dur, une surface qui lui réussit bien. À ce faible bilan sportif s’ajoute la séparation surprise avec son entraîneur, le Croate Goran Ivanisevic, après cinq ans de collaboration.
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Revanchard, le Serbe mondial attaque la saison sur ocre avec l’ambition d’aller chercher un ou plusieurs trophées. L’an dernier, il n’en avait remporté qu’un sur la surface : Roland-Garros. Sous la menace de Jannik Sinner et Carlos Alcaraz pour la place de N.1 mondial, «Nole» a des points à aller chercher du côté de Monte-Carlo (8es en 2023), Rome (quarts) et Madrid (forfait). Même à 36 ans, il faudra compter sur lui.
Alcaraz et Sinner vont-ils continuer à dominer le circuit ?
Un titre pour Carlos Alcaraz (Indian Wells). Trois pour Jannik Sinner (Open d’Australie, Rotterdam, Miami). Pour l’un comme pour l’autre, un niveau de jeu stratosphérique. Le nouveau duo de choc du tennis mondial domine ce début d’année 2024. Dans la forme de sa vie à 22 ans, l’Italien entre dans la période terre battue gorgé de confiance avec une seule défaite au compteur. Mais l’ocre n’est pas sa tasse de thé. Le protégé de Darren Cahill n’a remporté qu’un seul titre sur la surface, l’ATP 250 d’Umag en 2022. L’an dernier, il n’avait fait que régresser après une belle demi-finale à Monte-Carlo : élimination en quarts à Barcelone, en 8es à Rome et dès le 2e tour à Roland-Garros.
L’Espagnol, 20 ans, sera sans doute bien plus à l’aise sur cette surface qu’il affectionne. L’occasion pour lui de reprendre la place de N.2 que Sinner vient de lui ravir. Et pourquoi pas, même, viser le trône ? Double tenant du titre à Barcelone et Madrid, le Murcien a des points à défendre dans son pays natal mais devrait aussi jouer le titre à Monte-Carlo et Rome, où il n’a pas encore goûté à la victoire. Et si c’était son année à Roland-Garros, un an après sa demi-finale épique mais perdue contre Djokovic ?
Swiatek aura-t-elle de la concurrence ?
Chez les dames, la terre battue a sa reine : Iga Swiatek. Comme son idole Rafael Nadal, la Polonaise joue divinement bien sur la surface. Elle a d’ailleurs remporté le premier titre de sa carrière… à Roland-Garros, en 2020. Triple tenante du titre Porte d’Auteuil, victorieuse à deux reprises des tournois de Rome et Stuttgart, la N.1 mondiale rafle la grande majorité des tournois qui comptent sur terre.
Parmi la concurrence, Aryna Sabalenka est double tenante du titre au WTA 1000 de Madrid mais traverse une période difficile depuis le suicide de son compagnon. Quant à Coco Gauff et Elena Rybakina, elles ont de belles références sur ocre mais semblent loin de l’aisance d’Iga Swiatek. Et après trois éliminations consécutives au premier tour à Doha, Indian Wells et Miami, la Tunisienne Ons Jabeur a besoin de retrouver de bonnes sensations avant d’espérer inquiéter la Polonaise.
Quelles sont les chances françaises ?
Chez les hommes, les deux premiers Tricolores au classement ATP, Ugo Humbert (14e) et Adrian Mannarino (20e), ne sont pas des as de la terre battue. C’est le moins que l’on puisse dire. Les chances françaises reposent plutôt sur les épaules d’Arthur Fils (37e), qui a remporté son seul titre en carrière sur cette surface. C’était au tournoi ATP 250 de Lyon en mai 2023. Son compatriote Luca Van Assche (94e) se débrouille également très bien sur ocre avec deux titres sur le circuit Challenger (Maia en 2022, Sanremo en 2023) et deux finales. Enfin, Gaël Monfils (45e) n’a jamais particulièrement brillé sur terre battue mais est capable de prestations épiques, comme son 1er tour de Roland-Garros remporté au bout de la nuit en 2023 face à l’Argentin Sébastien Baez (3-6, 6-3, 7-5, 1-6, 7-5).
Chez les dames, Caroline Garcia est remontée à la 23e place au classement WTA après de belles sorties sur dur. Elle sait gagner sur terre battue mais n’a jamais particulièrement brillé à Roland-Garros, où elle reste sur trois éliminations consécutives au 2e tour. Derrière, les jeunes Clara Burel (44e) et Diane Parry (51e) apprécient particulièrement la surface pour y avoir remporté leurs seuls titres en simple (le WTA 250 de Lausanne en 2021 et 2023 pour Burel, le WTA 125 de Montevideo en 2021 et celui de Paris en 2023 pour Parry). Mais la France devra probablement attendre encore quelques années pour voir une de ses ressortissantes triompher Porte d’Auteuil.
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