EN IMAGES – À quatre mois des Jeux, le vélodrome Jacques-Anquetil, le stade Yves-du-Manoir et d’autres lieux de la mémoire sportive nationale, entendent porter haut et fort leur héritage olympique.
Yves du Manoir, Georges Vallerey, Jacques Anquetil: plusieurs sites emblématiques des JO de Paris 1924 ont été rebaptisés avec le temps du nom de ces légendes du sport français. Un siècle plus tard, à quatre mois des Jeux 2024, ces lieux de mémoire entendent porter haut et fort leur héritage olympique.
Le stade Yves-du-Manoir
Au bord de l’A86, à Colombes dans les Hauts-de-Seine, se cache un monument du sport hexagonal: le stade départemental Yves-du-Manoir, épicentre des derniers Jeux parisiens. Cet été, le tournoi olympique de hockey sur gazon se déroulera dans la vaste enceinte, qui a fait peau neuve et deviendra l’unique site à héberger des épreuves des JO pour la deuxième fois, à 100 ans d’intervalle.
Ancien hippodrome, servant aussi de plaine de jeux pour la pratique du sport amateur, le complexe fut désigné comme cœur battant et village olympique des Jeux de 1924. Locataire des terrains, le Racing Club de France propose alors d’y «bâtir un stade olympique de 60.000 places en se faisant rembourser a posteriori sur les recettes de la future olympiade», raconte l’historien Michaël Delépine, qui a consacré un ouvrage au stade de Colombes («Le Bel Endormi», aux éditions Atlande).
Du stade d’origine, théâtre du duel épique entre les sprinters britanniques Harold Abrahams et Eric Liddell — immortalisé dans le film multi-oscarisé «Les Chariots de feu» sur une musique de Vangelis — et du sacre au saut en longueur de DeHart Hubbard, premier athlète noir américain à remporter une médaille olympique, ne subsiste que la tribune d’honneur de 6.000 places.
Pour les JO 2024, elle sera complétée par des gradins éphémères. Deux terrains synthétiques éclairés de hockey sur gazon ont également été construits, l’un doté d’une tribune moderne de 1.000 places.
Ce chantier de réhabilitation, achevé en décembre et inauguré en mars, a coûté 101 millions d’euros, dont un peu plus de 90 millions financés par le département des Hauts-de-Seine, collectivité propriétaire des lieux.
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Le stade, qui porte le nom d’un joueur de rugby du Racing, décédé en 1928 aux commandes de son avion, a connu des heures glorieuses après 1924: une finale de Coupe du monde de football en 1938 remportée par l’Italie, 42 finales de coupes de France, des dizaines de rencontres des Bleus dont un France-Brésil en 1963 avec un triplé de Pelé, des matches de boxe…
L’avènement en 1972 du nouveau Parc des Princes, où évolue le PSG, a relégué au second plan Yves-du-Manoir, jugé trop loin du centre de la capitale. «Le stade de Colombes a continué sa vie sportive en accueillant des événements de moindre envergure: les jeunes, les équipes du Racing, notamment le Racing Club de France Rugby dans les années 1980 ou le Racing 92 jusqu’en 2017», détaille Michaël Delépine.
Au tournant des années 2000, le site est vendu au département. Il est mis en avant lors des candidatures de Paris 2012 et Paris 2024. Après les JO, Yves-du-Manoir abritera le siège de la Fédération française de hockey sur gazon. Les terrains de foot et de rugby ainsi que l’anneau d’athlétisme seront réservés au public scolaire et associatif. «C’est extrêmement émouvant de se dire que ce lieu qui accueillait des sportifs il y a des décennies va peut-être encore en accueillir pendant plusieurs décennies», s’enthousiasme Michaël Delépine.
La piscine Georges-Vallerey
Les anneaux olympiques sur la façade de la piscine Georges-Vallerey, porte des Lilas dans le 20e arrondissement, rappellent son illustre passé.
C’est dans les longueurs de ce complexe aquatique, alors nommé piscine des Tourelles, que l’Américain Johnny Weissmuller, qui incarna Tarzan sur grand écran, remporta trois titres olympiques en natation et une médaille de bronze en water-polo en 1924. Rebaptisé Georges-Vallerey, en hommage à un nageur tricolore médaillé aux Jeux de Londres en 1948, le stade a abrité le siège de la Fédération française de natation et accueilli dans son bassin de 50 mètres de nombreuses compétitions nationales et internationales.
Au milieu des années 1980, elle a subi une importante rénovation, menée par Roger Taillibert, l’architecte du Parc des Princes moderne. Un nouveau chantier, commencé à l’été 2022, a été engagé avant les JO-2024. À cette occasion, la piscine servira de site d’entraînement pour la natation, la nage en eau libre et le triathlon.
Les travaux ont permis la réfection du toit rétractable. La charpente a été remplacée par du bois issu de forêts éco-certifiées et des panneaux en polycarbonate ont été installés. La ventilation et la filtration du complexe ainsi que les espaces d’accueil des usagers (vestiaires, zones de déchaussage) ont aussi été modernisés. «On en a profité pour remettre à niveau un équipement qui puisse avoir une durée de vie sur les 30-40 prochaines années sans avoir de nouveau une réhabilitation», explique Nessrine Acherar, responsable service technique des piscines parisiennes. Coût total du projet: 13 millions d’euros. La piscine sera de nouveau accessible au grand public au printemps, puis, de manière permanente, après les JO.
Le vélodrome Jacques-Anquetil
Avant l’emblématique arrivée du Tour de France sur les Champs Elysées, le parcours du peloton s’achevait au vélodrome de la Cipale (renommé Jacques-Anquetil en 1987). C’est sur cette piste en béton armé de 500 m, nichée dans le bois de Vincennes, que le «Cannibale» Eddy Merckx a célébré, entre 1969 et 1974, ses cinq triomphes au classement général. La construction du site remonte à la fin du 19e siècle. En 1924, s’y tiennent les épreuves olympiques de cyclisme sur piste où la France remporte plusieurs médailles.
Enceinte municipale, identifiable à ses tribunes aux poutres d’acier conçues par Gustave Eiffel, le vélodrome de Vincennes est aujourd’hui un temple pour les cyclistes amateurs. Il accueille tous les samedis matin, de mars à octobre, les tournois organisés par le Vélo Club des vétérans parisiens. «On a un écrin qui a tout un passé», décrit Jean Delahousse, le président du VCVP.
«On sait que de grands champions sont passés dans les cabines qu’on utilise, qu’on roule à des endroits où il y avait d’immenses courses», poursuit-il.
Le VCVP compte parmi ses membres une galerie de personnages hauts en couleur, comme le chansonnier Pierre Douglas, fringant octogénaire et mémoire vivante de la Grande Boucle, ou le négociant en pierres précieuses et romancier Jacques David.
Le vélodrome, dont la pelouse centrale sert de terrain de rugby au Paris Université Club (PUC), a été rénové de 2012 à 2015. Pour faire vivre le lieu, le VCVP essaye d’y attirer un public plus jeune. «Si les gens ont le courage de se lever à 8h30, c’est le coup de coeur!», promet Jean Delahousse.
Des sites détruits ou réaménagés
Plusieurs sites des JO de 1924 ont été démolis. C’est le cas du Vélodrome d’Hiver, tristement célèbre pour la rafle de juillet 1942 au cours de laquelle plus de 13.000 Juifs furent arrêtés par la police française et déportés.
Le stade Bergeyre, près des Buttes-Chaumont, où se tinrent des matchs olympiques de football, a également été détruit.
D’autres lieux ont été réagencés, comme le stade Pershing, à l’est du bois de Vincennes, devenu complexe omnisports dans les années 1960, ou le fronton de pelote basque sur les quais de Seine dans le 16e arrondissement, près duquel a été construit en 1988 un trinquet dédié à la pratique de ce sport.
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