« La France inscrit le droit à l’avortement dans sa Constitution », constate le Times à Londres. « La France fait de l’avortement un droit constitutionnel lors du vote historique de Versailles », s’exclame le Guardian. « La France est le premier pays au monde à défendre la liberté de l’avortement en l’inscrivant dans sa Constitution », renchérit El Pais à Madrid. « En France, l’avortement devient un droit protégé par la constitution : “une promesse pour les femmes du monde entier“ », affirme le Corriere della Serra à Rome. « Le signal fort de Macron aux femmes du monde entier », insiste Die Welt à Berlin. « C’est un moment historique, commente le quotidien allemand. Rien ni personne ne pourra retirer aux Françaises le droit de mettre fin à une grossesse non désirée dans un avenir proche ou lointain. La France est (donc) le premier pays au monde à inscrire l’avortement dans sa constitution, non pas comme un droit, mais comme une “liberté garantie“. »
L’Allemagne interpelée
Du coup, « l’Allemagne, où le droit à l’avortement n’existe toujours pas, devrait se sentir interpellée, estime Die Welt. Ce droit avait été retiré aux citoyens de la RDA lors de la réunification. » Et aujourd’hui, « les femmes allemandes qui mettent fin à une grossesse non désirée sont considérées comme des criminelles. »
Espérons, conclut le quotidien d’Outre-Rhin que « la commission mise en place par le gouvernement fédéral pour clarifier la question de l’illégalité de l’avortement s’inspirera de la détermination française. »
Le recul américain
Aux États-Unis, le droit à l’avortement a été remis en cause… En 2022, rappelle le New York Times, la Cour suprême avait annulé l’arrêt Roe vs Wade, supprimant ainsi le droit constitutionnel à l’avortement après presque 50 ans de pratique. Une décision qui a remodelé la politique du pays en la matière et qui a conduit à des interdictions totales de l’interruption volontaire de grossesse dans près de la moitié des États.
Alors, « contrairement aux États-Unis, remarque le New York Times, la question de l’avortement en France n’est pas politiquement chargée et ne suscite pas de fortes divisions. Au contraire, la plupart des Français estiment que l’avortement est un service de santé publique de base et un droit de la femme. Une récente enquête menée dans 29 pays a montré que la France était le deuxième pays au monde, après la Suède, à être le plus favorable à la légalisation de l’avortement. »
Une France fière !
Et en effet, dans la presse française la décision historique du Parlement réuni en congrès hier fait quasiment l’unanimité…
« C’est un moment important dans la vie de la nation, estime Le Monde. Un moment de fierté, aussi. À la veille de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, la liberté des femmes à disposer de leur corps se voit consacrée dans le texte fondamental au moment où l’avortement, que l’on pensait admis, se trouve fragilisé dans un certain nombre de démocraties, à commencer par les États-Unis. »
« Le 4 mars 2024 restera bel et bien une date historique, s’exclame Libération. (…) Un jour où l’on a envie de penser aux millions de Françaises qui ont avorté. Envie aussi de penser à ces millions d’autres femmes, à travers le monde, qui auront regardé ce vote au Congrès avec l’espoir que ces lumières-là, un jour, peut-être, s’allumeront aussi dans leur pays. Envie, donc, là, maintenant, de se réjouir, pointe encore Libération. Envie de ne pas s’attarder sur ces 72 voix qui se sont prononcées contre hier à Versailles. D’oublier aussi le temps d’une journée que cette bouffée progressiste intervient à contre-courant d’un vent réactionnaire inquiétant. Il ne s’agit pas d’être naïf ou béat. Juste de prendre le temps de savourer une victoire loin d’être symbolique. »
Tourmentés ?
Enfin, Le Figaro fait entendre sa différence : « si ces heures sont historiques, c’est parce qu’elles cristallisent l’avènement de la “France d’après”, où la “matrice catholique” s’est tellement disloquée que ses traces s’effacent une à une. Ironie de l’histoire : c’est l’Église qui, par son opposition à cette évolution, devient socialement hérétique. »
Et Le Figaro de conclure : « gare à ne pas considérer comme délinquantes les consciences encore tourmentées par l’interruption volontaire d’une grossesse. »
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